Ce samedi, le nouveau président du Niger Mohamed Bazoum a nommé comme Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, un technicien écouté au palais et très proche de l’ancien chef de l’Etat Mahamadou Issoufou.
Il est sans aucun doute le choix de la continuité. Mahamadou Issoufou comptait Mohamed Bazoum parmi ses fidèles ; Bazoum pourra, lui, s’appuyer sur Ouhoumoudou Mahamadou. Nommé Premier ministre samedi, ce dernier est un technicien qui connaît tous les dossiers de la présidence. Mais surtout, il est un proche d’Issoufou et de Bazoum. L’ancien patron de la Banque internationale pour l’Afrique au Niger a déjà été plusieurs fois ministre — des Mines et des Finances — avant de devenir le directeur de cabinet du président qui vient de quitter ses fonctions. « Il est à la fois l’éminence grise et la force tranquille du palais présidentiel », résument des proches du nouveau Premier ministre. Sa nomination apparaît donc comme une évidence.
Le choix d’Ouhoumoudou Mahamadou montre en effet la volonté du nouveau président du Niger de donner les clés de la primature à un homme qui réunit trois qualités importantes : travail, discrétion et fidélité. Il montre aussi que l’un des enjeux du nouveau mandat de Bazoum, outre l’aspect sécuirtaire, est le développement de l’économie.
Ancien du ministère des Finances et ex-patron de banque, Mahamadou devra garder le cap fixé par Mahamadou Issoufou qui, en 2012, avait réussi à quintupler la croissance économique du pays. Une croissance qui avait flirté avec les 5 % de moyenne entre 2011 et 2020. Le Premier ministre devra cependant surveiller le déficit du Niger, qui a atteint quasiment 17 % du PIB en 2020 selon le Fonds monétaire internationale (FMI). Ouhoumoudou Mahamadou devra, enfin, diversifier l’économie du pays, qui repose essentiellement sur l’agriculture.
Le bras droit du président Issoufou
Son profil de technicien devrait donc permettre au Niger de conserver le chemin tracé par Issoufou lors de ses deux mandats. Bazoum peut s’enorgueillir d’avoir en tout cas un nouveau Premier ministre qui ne pensera pas à le remplacer au premier faux-pas : Ouhoumoudou Mahamadou est réputé pour être étranger aux calculs politiques et préfère largement travailler sur ses dossiers. Issoufou, alors candidat à sa propre succession, avait pu compter sur lui en le désignant directeur de campagne en 2016.
L’économiste de 76 ans, né dans la région de Tahoua — la région d’Issoufou —, a beau être discret, il a toujours été influent au sein du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), la formation politique au pouvoir. Au palais également, puisque l’homme est très écouté par le président depuis 2011. Notamment parce qu’il connaît sur le bout des doigts tous les dossiers importantes du pays.
Si Bazoum est le nouveau président du Niger, avec cette nomination, l’ombre d’Issoufou devrait continuer à planer sur le palais présidentiel. Etant donné le bilan de l’ex-président nigérien, il est dans l’intérêt de son successeur d’éviter la rupture avec les dix années d’Issoufou. Le nouveau gouvernement sera formé « dans les prochains jours », indique-t-on du côté du palais. Pour que le Niger se remette au travail après une crise post-électorale qui a ralenti le pays.