Seulement quelques jours après la décision de la Cour Constitutionnelle de valider 10 des 17 candidatures à la présidentielle tchadienne, trois opposants majeurs ont retiré la leur.
Avec l’élection présidentielle tchadienne qui se rapproche à grands pas, l’opposition a lancé un appel au boycott général. Theophile Bongoro, Ngarledji Yorongar et Saleh Kebzabo se sont retirés de la course en dénonçant le manque de transparence du processus électoral.
Du côté du parti du président Idriss Déby, qui brigue un sixième mandat, le secrétaire général du Mouvement patriotique du salut (MPS) Jean Bernard Padaré considère que le boycott est la preuve, s’il en fallait une, que les candidats en question « n’ont rien à proposer » et qu’ils cherchent à « exister médiatiquement », a-t-il déclaré.
L’indéboulonnable Déby
Idriss Déby, qui a été investi le 6 février dernier par le MPS, est au pouvoir au Tchad depuis 31 ans. Face à ce manque prononcé d’alternance politique, l’opposition avait proposé une solution au président.
Dans un courrier adressé à Déby, les opposants signataires ont proposé au président une « immunité à vie » s’il acceptait de quitter le pouvoir à la fin du mois de mars et de reporter les élections qui se seraient tenues sans lui. Un ultimatum que Déby a bien évidemment refusé.
Malgré son bilan mitigé — les problèmes économiques que traverse le Tchad, la guerre interminable contre le terrorisme et les libertés constitutionnelles bafouées —, Déby continue d’avoir toute la confiance de son armée et des forces de l’ordre, qui lui sont fidèles, de son parti le MPS et même de la communauté internationale, après ses efforts consentis dans le conflit au Sahel.
Une opposition divisée
Selon certains opposants, Déby n’a plus rien à offrir au Tchad. « Nous ferons tout pour empêcher que cette mascarade ait lieu », a déclaré Succès Masra, le président du parti les Transformateurs. « Idriss Déby force ce 6e mandat dont le peuple ne veut pas, il a rendu le pays invivable, nous le rendrons ingouvernable », a-t-il ajouté.
Néanmoins, d’autres opposants participeront bel et bien au scrutin du 11 avril, dont Brice Baïmon et l’ancien Premier ministre Pahimi Padacket Albert. « C’est en insistant et nous unissant qu’on peut parvenir à cerner le régime actuel, et non pas en créant le vide politique », a déclaré Baïmon. Une stratégie qui risque une nouvelle fois de diviser l’opposition et d’ouvrir grand la route à Déby vers la victoire.
L’élection tchadienne se déroulera donc dans un climat tendu, mais face à une opposition aussi divisée, Déby devrait logiquement débuter son sixième mandat dès la semaine prochaine. Aucun des opposants, qu’ils boycottent ou participent à l’élection, n’a la possibilité de mobiliser assez de votants face à la machine bien huilée du MPS. Reste à savoir si les opposants qui boycottent le scrutin auront assez d’influence pour mobiliser la rue contre le président au pouvoir depuis plus de trois décennies.