Les combats dans le Darfour, au Soudan, ont fait une soixantaine de morts. L’état d’urgence a été décrété dans cette région en proie à des violences tribales.
Après des affrontements tribaux ce week-end, des habitants d’Al-Genaïna, capitale de l’Etat du Darfour-Occidental, ont déclaré que des coups de feu et des explosions avaient été entendus à l’aube, lundi. Ce matin-là, 18 personnes sont mortes lors d’affrontements. En tout, depuis le début des violences le 3 avril, ce sont près de 60 morts qui ont été décomptés : « Le nombre de morts s’élève à 56 et il y a de nouveaux blessés », indique le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), qui évoque des affrontements « entre la tribu al-Massalit et les tribus arabes ». La branche locale du Comité central des médecins parle de 132 blessés.
Les combats atteignent Al-Genaïna
Les habitants d’Al-Genaïna, chef-lieu du Darfour-Occidental à proximité de la frontière avec le Tchad, ont déclaré aux médias que des coups de feu avaient éclaté dans la ville à l’aube lundi, avec des obus explosant dans la banlieue. Des colonnes de fumée s’élevaient haut dans le ciel alors que les gens fuyaient la violence, qui s’est poursuivie jusqu’à 13 heures.
« Le comité a enregistré 18 morts et 54 blessés. Ces derniers reçoivent des soins médicaux à l’hôpital universitaire d’Al-Genaïna », précise le Comité des médecins dans un communiqué qui ajoutait, mardi, que « malgré un calme relatif lundi soir, les équipes médicales continuent de faire face à de grandes difficultés dans leurs déplacements ». Une ambulance transportant des blessés aurait en effet été attaquée. Le Conseil de sécurité et de défense du Soudan a déclaré l’état d’urgence plus tard dans la journée, ce qui donne aux forces de sécurité le droit d’adopter les mesures nécessaires afin de mettre fin aux violences. L’armée a d’ailleurs déjà été déployée dans cette zone.
Une nouvelle guerre civile ?
La guerre civile du Darfour a commencé en 2003, faisant environ 300 000 morts et 2,5 millions de personnes déplacées, selon les Nations unies. Le conflit s’était apaisé au fil des accords de paix signés par les différentes parties, dont le dernier a été conclu en octobre.
Mais des affrontements tribaux éclatent encore régulièrement, notamment à cause des terres et de l’accès à l’eau. Des témoins ont déclaré que les combats faisaient toujours rage lundi après-midi, alors qu’une épaisse fumée s’élevait au-dessus de la ville. Après des années de conflit, la région est infestée d’armes. Les attaques armées opposent souvent les pasteurs nomades arabes aux agriculteurs sédentaires appartenant aux autres groupes ethniques.
Le Soudan est plongé dans une période de transition difficile après le renversement du très autoritaire président Omar el-Bechir en 2019, à la suite de manifestations massives contre son régime. Le gouvernement de transition a essayé d’apaiser les groupes rebelles dans les principales zones de conflit du Soudan, y compris le Darfour.
Le 31 décembre 2020, l’ONU et l’Union africaine (UA) ont mis fin à une mission de maintien de la paix qui a duré 13 ans au Darfour, alors même que les habitants craignaient de nouvelles violences. Plus de 200 personnes ont été tuées dans des affrontements en janvier, dans l’une des pires effusions de sang dont la région ait été témoin depuis des années.
L’attaque de lundi, et les violences qui s’en sont suivies, sont autant d’éléments qui font redouter un retour des violences interethniques. Le Conseil de souveraineté d’al-Burhan devra avant tout penser à régler ce problème avant d’envisager une transition politique sereine.