Ce lundi 5 avril, un groupe armé a pris d’assaut la prison de l’Etat d’Imo, au sud nigérian. 1 844 détenus se sont échappés par une brèche créée par des explosifs utilisés par les assaillants.
Selon un communiqué du porte-parole des services pénitentiaires, une spectaculaire évasion a eu lieu vers 2 heures du matin, dans la nuit de dimanche à lundi 5, dans la prison d’Owerri dans l’Etat d’Imo. Une trentaine d’hommes lourdement armés ont chargé le pénitencier et ont réussi à en faire exploser le mur du périmètre intérieur, ouvrant la voie à 1 844 détenus qui ont pu prendre la fuite devant des gardes submergés par le torrent de balles.
Le mouvement sécessionniste Biafra Nations League (BNL), milice de l’IPOB, a été accusé d’être à l’origine de l’évasion. Ce que le BNL a nié, tout en rejetant la faute sur la brutalité des forces de sécurité qui aurait conduit à un ras-le-bol général de la part des prisonniers.
Le BNL a dénoncé les meurtres, le harcèlement et les extorsions par les forces de l’ordre à travers le Nigeria. Le groupe a aussi profité du contexte pour déplorer l’attitude de l’inspecteur général de la police Mohammed Adamu, qui a prématurément conclu que des membres des peuples autochtones du Biafra (IPOB), et en particulier le BNL, avaient mené l’attaque à Owerri. L’organisation a enfin implicitement accusé les groupes peuls d’Ebonyi d’être responsables de l’attaque.
Le BNL a mis en garde contre les conséquences d’éventuelles représailles du gouvernement visant les peuples du Biafra, indépendamment de leur affiliation au groupe. Le chef du Biafra, Nnamdi Kanu, a déclaré que, si tel est le cas, « la police viendra arrêter des innocents et non les hommes armés ».
Une attaque opportuniste
De son côté, la police a affirmé que les assaillants avaient utilisé des mitrailleuses, des grenades propulsées par roquettes et des engins explosifs improvisés pendant les violences nocturnes à Owerri. La police a aussi accusé le Réseau de sécurité oriental (ESN) d’avoir aidé les prisonniers à fuir.
Le président du Nigéria Muhammadu Buhari a qualifié les responsables de l’évasion de « terroristes », sans mentionner le BNL, l’ESN ou l’IPOB.
C’est la première fois qu’une évasion de cette envergure a lieu au Nigeria. Et l’évènement est plus que symbolique : le mouvement sécessionniste a pris confiance et s’est joint à la grogne anti-police du peuple nigérian, que les mesures du gouvernement n’arrivent pas à calmer. Cette fois, cependant, c’est le système judiciaire du Nigeria qui est pointé du doigt. Il est habituel que des détenus restent enfermés pendant des années en attendant un procès qui n’arrive jamais. Mais cette évasion montre, désormais, la facilité avec laquelle des détenus peuvent s’évader.