L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz veut saisir les juridictions internationales pour tenter d’échapper à la justice de son pays, qui enquête sur ses mandats.
Au début du mois de mars, Mohamed Ould Abdel Aziz était placé sous contrôle judiciaire. L’ex-président mauritanien a toujours refusé de témoigner devant une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur des faits de corruption et de détournement de fonds publics lors de ses années au pouvoir, entre 2009 et 2019. S’il évite pour le moment la prison, l’ancien chef de l’Etat sait qu’il pourrait très bien finir derrière les barreaux. Car avec les accusations qui pèsent contre lui — « trafic d’influence » et « abus de fonction » —, nul doute que son successeur, Mohamed Ould El-Ghazaouani, se fera un malin plaisir de le laisser aux mains du parquet.
Mohamed Ould Abdel Aziz prépare donc sa contre-offensive. Et celle-ci doit être aussi bien judiciaire que médiatique. Selon Africa Intelligence, l’ancien président mauritanien s’apprêterait à saisir l’Union africaine, la Ligue arabe et la Ligue internationale des droits de l’Homme. A défaut de trouver une oreille attentive en son propre pays, quoi de mieux pour l’ex-chef de l’Etat que de viser les institutions internationales ? Une contre-attaque pour faire valoir ses droits, mais surtout une opération de lobbying qui doit lui permettre de plaider sa cause auprès des pays étrangers.
Car la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), devant laquelle Mohamed Ould Abdel Aziz a débuté son offensive, rend des avis contraignants en théorie, mais non contraignants dans la pratique. Outre l’UA, l’ancien président de la Mauritanie vise également la Commission des droits de l’homme de la Ligue arabe, la Ligue internationale des droits de l’Homme — qui lui permettra de donner un retentissement plus international encore à son affaire — et même les Nations unies l’été prochain.
S’il n’y a pas grand-chose à attendre des institutions internationales, généralement prudents en matière d’ingérence, le camp Abdel Aziz s’attaque également à la commission d’enquête parlementaire dans son propre pays. Le Conseil constitutionnel devrait être saisi dans les prochains jours, poursuit Africa Intelligence. Les avocats de l’ex-président visent l’annulation pour vice de forme de la procédure contre leur client, qui n’a pas eu accès au dossier.
Enfin, les conseils de Mohamed Ould Abdel Aziz estiment cette affaire anticonstitutionnelle. Selon l’article 93 de la Constitution mauritanienne, « le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison ». Or, on lui reproche cette fois des faits de corruption ou financiers. De plus, en cas de procès, il doit être jugé « devant une Haute Cour de justice ». Ce qui n’est pas le cas.