Le groupe terroriste al-Chabab a simultanément attaqué deux bases militaires dans le sud somalien, à 100 kilomètres de Mogadiscio, tuant au moins 47 soldats. Un kamikaze s’est aussi fait exploser dans un restaurant de la capitale, causant 6 morts civils.
Le week-end a été catastrophique pour la Somalie, qui a connu trois attaques terroristes majeures dans la même journée, samedi. Al-Chabab a affirmé avoir tué plus de 47 soldats lors de l’attaque des bases militaires de Bariire et d’Awdheegle et saisi plusieurs armes et véhicules militaires. Un autre attentat, contre des civils, a eu lieu dans le quartier Shangani de Mogadiscio, tuant 6 personnes.
L’armée somalienne a envoyé des renforts, dont une partie est tombée dans une embuscade et 4 soldats supplémentaires sont morts. Lorsque ces renforts ont atteint les bases militaires, un combat sanglant a éclaté. Selon un responsable somalien, au moins 76 terroristes ont été liquidés.
Un attentat loin d’être improvisé
Al-Chabab a déclaré avoir lancé un attentat-suicide à la bombe sur la base de Bariire tout en attaquant la base voisine d’Awdheegle avec une voiture piégée. Le groupe terroriste a aussi tendu une embuscade aux renforts arrivant de la première à la seconde base, composée d’une vingtaine d’hommes armés. Le porte-parole du groupe terroriste, Abu Musaab, a confirmé qu’un engin explosif embarqué sur un véhicule avait aussi frappé les renforts venant de la capitale vers Bariire.
Une fois que les renforts militaires ont atteint les deux bases, les combats ont duré deux heures, mais des dizaines de soldats somaliens étaient déjà tombés. Le général Mohamed Tahlil Bihi, commandant de l’infanterie somalienne, a déclaré à AP avoir perdu 9 soldats seulement. Cependant, Abu Musaab a déclaré avoir tué 47 soldats gouvernementaux, les photos d’au moins 32 soldats ont été envoyées par al-Chabab à la télévision SMN, prouvant que les terroristes avaient bel et bien tué beaucoup plus que 9 soldats.
D’un autre côté, selon le porte-parole de la police de Mogadiscio, Sadaq Ali, l’attaque kamikaze à la capitale, arrivée plus tôt samedi, a fait 6 morts dont quatre adolescents et un bébé, ainsi que 10 blessés. Aucun groupe n’a encore revendiqué la responsabilité de cet attentat en particulier, mais le groupe terroriste al-Chabab a été à l’origine des attaques les plus récentes dans la capitale somalienne.
Un contexte compliqué pour l’armée somalienne
Ces attaques d’une terrible violence arrivent dans un contexte compliqué. D’un côté, le groupe terroriste al-Chabab avait diffusé un message quelques jours auparavant, dans lequel son chef, Abu Ubaidah, menace le président djiboutien, Omar Guelleh. Ce dernier brigue un cinquième mandat, et l’élection djiboutienne du 9 avril est parrainée par les forces américaines et françaises, d’où la réaction du groupe terroriste.
D’un autre côté, une partie non négligeable de l’armée somalienne, entre 5 000 et 7 000 soldats, se trouve actuellement en Erythrée pour s’entrainer. Leur retour a été prévu pour les semaines à venir. Ces soldats sont soupçonnés d’avoir participé à la guerre du Tigré du côté érythréen. En attendant leur retour, le reste de l’armée somalienne, surtout dans les bases éloignées de Mogadiscio comme les bases attaquées hier, s’est recroquevillé dans les installations militaires. Si on en croit les réseaux sociaux, les soldats somaliens ne patrouillent même plus sur les routes du sud somalien.
Le ministère turc des Affaires étrangères a émis un communiqué à peine les escarmouches entre les soldats somaliens et les terroristes d’al-Chabab terminées. « Nous sommes attristés d’apprendre que de nombreux soldats et civils ont perdu la vie en Somalie aujourd’hui, dans les attaques terroristes visant les troupes de l’armée nationale somalienne et des civils innocents. Nous souhaitons la miséricorde d’Allah à ceux qui ont perdu la vie dans les attaques et un prompt rétablissement aux blessés », lit-on dans le communiqué du ministère turc.