Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a avoué avoir laissé l’armée érythréenne agir dans le Tigré. Il affirme regretter son choix et les exactions commises par ces militaires.
Les armées érythréenne et éthiopienne sont, depuis plusieurs mois, accusées d’exactions dans le Tigré. Confrontée à une crise très grave, la région est devenue un « no man’s land ». Les ONG dénoncent régulièrement des massacres de civiles et une présence de militaires érythréens. De nombreux témoignages de réfugiés accablent les militaires venus d’Asmara. Mais Abiy Ahmed et Isaias Afwerki ont toujours nié ces allégations.
Mais ce mardi 23 mars, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a finalement admis que des forces armées érythréennes étaient bien présentes dans la région du Tigré. Aux parlementaires, le Premier ministre a avoué que des troupes érythréennes avaient en effet traversé la frontière pour aider les forces éthiopiennes à lutter contre le Front populaire de libération du peuple du Tigré (TPLF).
Abiy Ahmed assure que la mission des Erythréens devait être de courte durée et que les soldats du pays voisins se retireraient de la région une fois celle-ci stabilisée par l’armée éthiopienne. Mais, remarque le Premier ministre, l’intervention d’Asmara a eu des conséquences graves. « Après que l’armée érythréenne a franchi la frontière et opéré en Ethiopie, tous les dommages qu’elle a causés à notre peuple sont inacceptables. Nous ne l’acceptons pas parce que c’est l’armée érythréenne, et nous ne l’accepterions pas si c’était nos soldats », a-t-il indiqué.
En cause, notamment, les exactions contre des civiles : massacres, mais aussi viols et déplacements… « La campagne militaire était contre nos ennemis clairement ciblés, pas contre le peuple. Nous en avons discuté quatre ou cinq fois avec le gouvernement érythréen », affirme Abiy Ahmed, qui semble avoir perdu le contrôle des opérations, à en croire ses propos.
Mais cet aveu sonne également comme un échec pour Addis-Abeba. Le Premier ministre éthiopien avait toujours réfuté la présence de forces érythréennes sur place. Il a fallu attendre que les témoignages se multiplient pour que, enfin, Abiy Ahmed accepte de décrire la stratégie qui était la sienne.
La pression de la communauté internationale a également joué. L’ONU avait demandé une enquête internationale concernant de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Accusés de « nettoyage ethnique » dans le Tigré, les forces armées n’ont jamais réussi à pacifier le périmètre. Les populations tentent toujours de fuir la région et l’aide humanitaire a bien du mal à arriver sur place.