A trois semaines de la présidentielle tchadienne, des marches sont organisées contre le sixième mandat d’Idriss Déby Itno. Personnalités de l’opposition, défenseurs des droits de l’homme et organisations de la société civile demandent l’alternance.
Idriss Déby Itno brigue un sixième mandat à la tête du Tchad. Il a été investi, le 6 février dernier par son parti, le Mouvement patriotique du salut (MPS), candidat à l’élection présidentielle du 11 avril prochain. Depuis l’annonce de son investiture, une ambiance très tendue règne dans les rues de la capitale tchadienne. Les partis politiques de l’opposition ainsi que les associations ont appelé à manifester quasiment tous les week-ends. Les jeunes sont en colère et il y a de quoi : ils réclament le retrait de la candidature de Déby. Si la mobilisation ne cesse de croître depuis ces dernières semaines, les rassemblements ont bien rapidement été dispersés par les forces de l’ordre.
Idriss Déby Itno : seul contre tous ?
Le maréchal tchadien a lancé sa campagne le 13 mars, au stade de N’Djamena, entouré de ses partisans du MPS et de son équipe de campagne. C’est en immense favori qu’il se présente à cette nouvelle élection. Fin connaisseur des rouages de l’exercice électoral, il s’appuie sur son ministère de l’Intérieur et sur ses proches pour s’assurer un nouveau mandat. Parmi eux, son fils Abdelkerim Idriss Déby, et la Première dame, Hinda Déby Itno. Le secrétaire général du MPS, ancien maire de N’Djamena a été désigné pour diriger cette campagne.
Face à lui ? Personne… ou presque. La quasi-totalité de ses opposants ont choisi, contraints ou non, la voie du boycott. Plusieurs poids-lourds de l’opposition ont annoncé leur retrait du processus électoral. Idriss Déby n’a plus que six adversaires, généralement inconnus au bataillon. Soutenu par la communauté internationale, notamment pour la contribution du Tchad aux opérations de maintien de la paix dans le Sahel et au G5 Sahel pour contrer la montée du djihadisme, l’élection présidentielle semble gagnée d’avance pour le maréchal.
Les revendications de la jeunesse tchadienne
Après l’annonce de son investiture, et étant donné sa longévité à la tête du pays, la jeunesse est descendue nombreuse dans les quartiers de la capitale pour dénoncer une « injustice ». Des jeunes qui souhaitent être entendus et compris. Ils veulent s’exprimer en politique et avoir de l’espoir en leur avenir et celui de leur pays. Ils demandent un renouvellement de la classe politique dirigeante vieillissante. Et forcément, Idriss Déby n’en fait pas partie.
Ce ras-le-bol est exacerbé par la tentative d’interpellation de l’opposant, Yaya Dillo, candidat à la présidentielle, ayant coûté la vie à ses proches. La censure qui s’en est suivie sur les réseaux sociaux a attisé la colère de la jeunesse tchadienne, qui se sent privée de ses droits les plus fondamentaux. Le climat d’insécurité laisse présager une élection présidentielle sous haute tension. Et la gronde qui commence à apparaître dans les rues et sur les réseaux sociaux pourrait conduire à de nouvelles répressions dans les semaines à venir.