Pandémie oblige, la Banque africaine de développement a revu ses estimations à la hausse. En 2021, 39 millions d’Africains pourraient tomber dans l’extrême pauvreté. Les femmes sont les principales touchées.
En juillet dernier, la Banque africaine de développement (BAD) craignait que le coronavirus fasse tomber 50 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté. L’institution estimait initialement que 425 millions de personnes vivraient, sur le continent, sous le seuil de pauvreté en 2020. Pour information, la population est considérée extrêmement pauvre lorsqu’elle gagne moins de 1,90 dollar quotidien, en parité de pouvoir d’achat.
Mais l’arrivée de la Covid-19 a bousculé les prévisions de la BAD. Dans son rapport « Perspectives économiques africaines 2021 », l’institution affirme que « la pandémie a provoqué une crise économique mondiale. Le PIB de l’Afrique s’est contracté de 2,1 % en 2020 — la première récession du continent en un demi-siècle. On estime qu’à défaut d’un soutien approprié, environ 39 millions d’Africains pourraient tomber dans l’extrême pauvreté en 2021, avec des effets disproportionnés pour les femmes ».
La BAD prévoit « une croissance économique de 3,4 % en 2021 » en Afrique. Mais les conséquences de la pandémie risquent de peser sur le continent… « En 2020, la pandémie a poussé environ 30 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, et on estime qu’environ 39 millions de personnes pourraient y tomber en 2021, insiste la Banque africaine de développement. Les plus touchés sont ceux ayant de faibles niveaux d’éducation, disposant de peu d’actifs et travaillant dans le secteur informel ».
Les métiers féminins plus touchés que les métiers masculins
L’institution craint, au-delà du simple nombre d’Africains qui tomberont dans la pauvreté, que les inégalités augmentent « en raison de l’impact disproportionné de la pandémie sur les groupes les plus vulnérables tels que les femmes, les jeunes et les travailleurs peu qualifiés du secteur informel ». Pour la BAD, « les femmes et les ménages dirigés par des femmes pourraient représenter une grande partie de ces nouveaux pauvres ».
La raison est simple : « Les femmes sont plus vulnérables que les hommes aux pertes d’emploi en temps de crise : elles représentent 39 % des emplois mondiaux et environ 54 % des pertes d’emploi totales durant la pandémie », écrit la BAD qui assure que « le risque de perte d’emploi due à la Covid-19 est beaucoup plus élevé chez les femmes que chez les hommes, en partie parce que la pandémie a touché des secteurs où l’emploi féminin est élevé ».
L’institution réclame des mesures fortes de la part des gouvernements des Etats africains. Car la pauvreté dans laquelle sont plongées les femmes a de véritables conséquences : « La perte de revenu chez les femmes a souvent des effets à long terme tels que des niveaux accrus de malnutrition infantile, l’abandon scolaire, la mauvaise santé et le travail des enfants. S’ils ne sont pas atténués, les effets négatifs de la pandémie auront des répercussions à court terme sur le bien-être et des conséquences durables pour le capital humain et la croissance », insiste l’institution africaine.