Le Mouvement de défense de la démocratie a annulé la manifestation prévue ce samedi. En échange d’une paix durable, le M2D demande au président Macky Sall d’accepter une dizaine de revendications.
Dakar aura finalement évité l’agitation prévue, ce samedi. Après un discours à la nation lors duquel le président Macky Sall a tenté d’apaiser la situation, le Mouvement de défense de la démocratie (M2D), qui avait appelé à manifester aujourd’hui, a finalement décidé d’annuler les rassemblements prévus. La veille, le M2D a lancé un appel à la pacification. Le retour à la normale est-il envisageable ? En tout cas, le mouvement de contestation, qui s’est avait soutenu l’opposant Ousmane Sonko après son arrestation, laisse le président Macky Sall sous pression. Le M2D a en effet transmis un « mémorandum en 10 points » au pouvoir sénégalais. Des revendications qui sonnent comme un ultimatum. Car le mouvement appelle « le peuple à rester mobilisé et attentif ».
A l’origine de cet apaisement, aussi précaire soit-il, une rencontre entre les responsables religieux, parmi lesquels les khalifes généraux des confréries musulmanes principales du pays, mais également des représentants de l’Eglise catholique, que Macky Sall avait également rencontrés, comme il l’a expliqué lors de son adresse à la nation. Tous ont appelé les opposants et la société civile à « poursuivre le travail déjà entamé dans le sens de la pacification ». De leur côté, les membres du M2D ont reçu l’émissaire du khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. C’est ce dernier qui les aurait convaincu d’accepter la demande de « report de la manifestation du samedi 13 mars formulée par le vénéré khalife ».
L’influence politique du khalife général des mourides
L’influence politique du khalife général des mourides n’est plus à démontrer. Après la présidentielle de 2019, celui-ci avait ordonné à Madické Niang, candidat malheureux à la présidentielle, de renoncer à la politique. Le dirigeant s’était exécuté. Le khalife général avait également été à l’origine de la réconciliation entre l’ancien président Abdoulaye Wade et Macky Sall. Dans un Sénégal dont la population accorde une grande place à la religion, les leaders mourides jouent généralement la carte de l’apaisement en cas de conflit national. Et leurs recommandations sont généralement suivies à la lettre. Une fois encore, ce vendredi 12 mars, le khalife général des mourides a montré toute sa force de persuasion.
Mais cet appel à la pacification n’est pas inconditionnel. Le M2D a en effet transmis au pouvoir, par l’intermédiaire des responsables religieux, un « mémorandum en 10 points ». Parmi les demandes du mouvement, la « libération immédiate » de personnalités que le M2D définit comme des « prisonniers politiques ». La fin du « complot politico-judiciaire fomenté contre Ousmane Sonko » est également une des revendications du M2D. Enfin, il est demandé au président de la République de reconnaître « publiquement l’impossibilité constitutionnelle et morale de briguer un troisième mandat ». Dans ce mémorandum, le Mouvement de défense de la démocratie ne fixe pas de date butoir. Il réclame par ailleurs la création d’une « Commission nationale indépendante » qui sera en charge d’« évaluer les réparations et les indemnités à accorder aux familles des victimes ».