Les créateurs de contenu kenyans utilisant la plateforme YouTube devront payer, à partir de juin de cette année, une taxe au… Trésor américain. Une règle imposée par Google qui étonne.
Au Kenya, les YouTubeurs sont restés bouche bée au moment de recevoir un e-mail de la part de Google. Le géant américain a en effet informé tous les créateurs de contenu d’un changement de politique en matière de monétisation des chaînes YouTube, qui appartient à Google. Le groupe américain veut « déduire les taxes américaines des paiements aux créateurs de contenu non basés aux Etats-Unis ». Une mesure qui prendra effet dès 2021.
Les Youtubeurs kenyans devront, ces prochaines semaines, « fournir leurs informations fiscales » à Google « afin de déterminer le montant exact des taxes à déduire, le cas échéant ». En cas de manquement à cette déclaration fiscale, Google menace de déduire « jusqu’à 24% » des revenus totaux générés par les créateurs de contenu.
Une mesure qui concerne les créateurs vivant hors des Etats-Unis. Cette prochaine taxe choque au Kenya, mais aussi en Inde, deux pays où les YouTubeurs génèrent de nombreuses vues sur leurs vidéos. Les Kenyans seront particulièrement touchés par cette nouvelle politique tarifaire.
C’est via AdSense, un service fourni par Google qui permet aux créateurs de contenu de monétiser leurs vidéos YouTube, que la taxe sera prélevée. Google prélevait déjà une bonne partie des revenus publicitaires. La nouvelle taxe imposée par le géant du numérique concerne, elle, uniquement les revenus générés par le contenu visionné par les internautes américains.
Le gouvernement kenyan venait de créer sa propre taxe pour les influenceurs
Cette décision intervient au moment où l’Autorité de revenus du Kenya (KRA) a décidé, elle aussi, de mettre en place des taxes sur le numérique. Le pays veut en effet désormais taxer les entreprises opérant dans le cyberespace kenyan. L’impôt sur le revenu des opérateurs digital est entré en vigueur en janvier dernier.
Une taxation qui touche également, au-delà des sociétés, les influenceurs : « Les influenceurs seront tenus de payer la taxe sur les services numériques puisque leurs revenus proviennent de la fourniture de services par le biais du numérique ou en fournissant des services de publicité digitale au Kenya », indique la KRA dans un communiqué. La taxe doit s’élever à 1,5 % de la valeur brute des revenus provenant des différentes plateformes numériques.
Bientôt soumis à une double-taxe, les YouTubeurs kenyans sont donc dans l’expectative. Sur un marché de plus en plus difficile, ils verront leurs revenus fondre comme neige au soleil. Reste à savoir quelle sera la réaction officielle des autorités kenyanes : est-ce une simple façon pour Google de faire pression pour faire annuler la taxe sur le numérique ? Quoi qu’il en soit, avec cette annonce, le Kenya perd encore un peu plus de terrain dans sa souveraineté digitale.