Alors que Donald Trump avait délaissé la Tunisie, le président Joe Biden devrait accroître l’aide financière au pays d’Afrique du Nord, notamment à destination du secteur de la sécurité.
Juillet 2017. En voyage aux Etats-Unis, le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, devait rencontrer le vice-président américain, Mike Pence. Le tout nouveau chef du gouvernement devait alors parler de sécurité et d’économie. Avec un objectif : lever la barrière douanière sur le textile tunisien, taxé à 17 % sur le marché américain. Si ce voyage avait fait l’objet d’une jolie campagne de communication en Tunisie, la réalité était bien différente : l’administration Trump venait en effet d’annoncer une réduction à hauteur de 67 % son aide à au pays d’Afrique du Nord. Une décision qui entrait dans une politique de réduction drastique des aides octroyées aux pays étrangers.
Quelques mois plus tôt, à peine élu, Donald Trump envoyait pourtant des signaux positifs à la Tunisie. Le président Béji Caïd Essebsi s’était alors entretenu avec le nouveau locataire de la Maison-Blanche. « Nous sommes le premier pays de la région qu’il a contacté », faisait alors remarquer le chef de l’Etat tunisien. « Nos relations d’amitié existent depuis de nombreuses années. Nous avons discuté de la situation actuelle de la région, dans le cadre du renforcement de notre collaboration, continuait Béji Caïd Essebsi. Il m’a dit que nous continuerons notre discussion à Washington, je ne sais pas si on peut qualifier cela d’invitation officielle ».
Alors que vient de se terminer le mandat de Donald Trump, on est loin des promesses faites en 2017 par le magnat des médias devenus président. « La Tunisie a souffert de la politique de Trump », résume Rached Ghannouchi, le chef de file du parti islamiste Ennahdha. Une souffrance due au désintérêt du président américain pour la Tunisie. Depuis 2011, les Etats-Unis ont investi au moins un milliard de dollars, notamment en matière de sécurité. L’éradication du terrorisme dans la région, plus particulièrement en Libye, permettait à la Tunisie d’être dans les petits papiers américains. Avant que Donald Trump ne ferme le robinet comme il l’a fait pour d’autres pays.
L’administration Biden promet de doubler le montant de l’aide à la Tunisie
L’arrivée de Joe Biden est donc porteuse d’espoirs. Le nouveau président américain s’est, d’ores et déjà, tourné vers Afrique avec sa présence virtuelle lors d’un sommet de l’UA. Le 24 février, une délégation militaire américaine s’est rendue en Tunisie. Dans le même temps, le chef du gouvernement Hichem Mechichi s’est entretenu avec l’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, Donald Blome. En mars prochain, des sénateurs américains doivent eux aussi se rendre dans le pays maghrébin. Il sera forcément question de la revue à la hausse de l’aide financière américaine. Une aide que les Etats-Unis conditionnent à une stabilisation politique de la Tunisie.
Le retour des Etats-Unis dans le jeu tunisien concordent avec la signature d’une convention entre l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le National Democratic Institute (NDI), une ONG financée par le milliardaire George Soros. Le bloc parlementaire du parti destourien libre (PDL) y voit une tentative d’ingérence de la part des Etats-Unis. De leur côté, les islamistes plaident pour une nouvelle ère dans les relations entre les Etats-Unis et la Tunisie. Rached Ghannouchi, président de l’ARP et patron d’Ennahdha, a lui aussi rencontré l’ambassadeur Donald Blome, qui a promis de doubler le volume de l’aide américaine à la Tunisie.