La campagne pour les législatives ivoiriennes a débuté. Le 6 mars, les électeurs voteront pour leurs députés. Le pouvoir et l’opposition sont en ordre de bataille.
Le 6 mars prochain, les Ivoiriens iront dans les urnes pour voter pour leurs 255 nouveaux députés. Ce vendredi 26 février, la campagne pour les élections législatives s’est ouverte. Avec une grande inconnue : le scrutin présidentiel du 31 octobre dernier, boycotté par l’opposition, n’a pas permis de dessiner une tendance tant le taux de participation a été faible. Le vote qui se tiendra dans un peu plus d’une semaine sera donc un vrai test pour le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti présidentiel, qui voit se dresser face à lui une coalition. Réunis sous la bannière Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ancien président Laurent Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) d’Henri Konan-Bédié présenteront des candidatures uniques dans certaines régions.
Une coalition avec le PDCI-RDA et le FPI de Laurent Gbagbo
C’est donc un match EDS-RHDP qui s’annonce. L’enjeu est de taille, puisque le parti d’Alassane Ouattara doit faire le service après-vente d’une élection jugée par beaucoup comme une mascarade. Alassane Ouattara avait été élu pour un troisième mandat très contesté avec 95,31 % des voix. Ses deux principaux concurrents, Henri Konan-Bédié et Pascal Affi N’Guessan avaient appelé à la désobéissance civile. S’en était suivi une série de violences, qui avaient fait 87 morts et 500 blessés, et la création avortée d’un Conseil national de transition. « HKB » et Ouattara s’étaient finalement rencontrés pour une prise de contact sans suite.
Forte du boycott, plutôt suivi, de l’élection présidentielle, la coalition EDS peut espérer s’imposer. Henri Konan-Bédié promet, si cette coalition obtient la majorité à l’Assemblée nationale, d’« éviter la consolidation d’un pouvoir absolu » en Côte d’Ivoire et de « réconcilier les Ivoiriens ». EDS pourrait profiter de l’appel d’air de l’annonce d’un retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire… Kouadio Konan Bertin, le ministre de la Réconciliation nationale, a indiqué qu’il était favorable à ce retour qui pourrait être effectif au milieu du mois de mars, soit après les élections législatives.
Les cadres du RHDP en ordre de marche
Au sein du RHDP, l’inquiétude est de mise. Dans les régions émaillées de violence lors du dernier scrutin présidentiel, il sera difficile pour le parti au pouvoir de s’imposer. Alassane Ouattara s’est appuyé sur plusieurs personnalités de sa formation politique pour battre campagne : Adama Bictogo, le directeur exécutif du parti, mais aussiPatrick Achi, ministre d’Etat et secrétaire général de la présidence, et Hamed Bakayoko, le Premier ministre, actuellement en France pour se faire soigner. Le président de la République promet « une victoire éclatante » et veut confirmer sa majorité à l’Assemblée, acquise lors des dernières législatives grâce à son alliance avec… le PDCI-RDA. A l’époque, le FPI de Laurent Gbagbo avait boycotté les élections.
A une semaine du scrutin, difficile de donner une tendance. Mais la tension est palpable. Les militants du FPI et du PDCI-RDA espèrent déjouer les pronostics et devenir la principale force d’opposition pour les prochaines années. Le président Ouattara voit, dans l’opposition, les fruits de la « division » et de la « haine ». HKB veut, lui, que les électeurs soient nombreux à lui apporter leur soutien pour « équilibrer les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire afin d’éviter la consolidation d’un pouvoir absolu » en Côte d’Ivoire. Tous les cadres du régime ont été mobilisés pour contrer EDS. Mais des indépendants se présentent également, ils pourraient jouer les trouble-fêtes ce 6 mars. Impossible, pour l’heure, de savoir si l’Assemblée nationale restera acquise à la majorité ou si Alassane Ouattara devra composer avec l’opposition tout au long de son mandat.