Un an jour pour jour après sa réélection, Faure Gnassingbé n’a pas encore entamé les grandes réformes promises. Peinant à sortir de la crise due au coronavirus, le Togo frémit mais tarde à se remettre en marche.
Le 22 février 2020, les Togolais se rendaient aux urnes. Sans grand suspense, Faure Gnassingbé, qui visait un quatrième mandat, avait été réélu dès le premier tour avec plus de 70 % des voix. Jean-Pierre Fabre, opposant historique du président togolais, avait été balayé, réunissant moins de 5 % des suffrages. Agbéyomé Kodjo, enfin, faisait figure de surprise avec l’obtention de 20 % des voix. La rapidité de l’annonce des résultats par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et une campagne médiatique bien orchestrée par l’ex-Premier ministre avaient quelque peu plongé le pays dans l’incertitude politique.
Une année d’immobilisme politique
Toujours aussi discret, Faure Gnassingbé avait alors préféré laisser la situation s’enliser. Agbeyome Kodjo, qui s’était autoproclamé président de la République, avait finalement été arrêté en avril 2020, avant d’être relâché et de s’exiler loin du Togo. A l’exception de ces quelques rebondissements judiciaires, les Togolais n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent pendant cette année 2020, alors qu’ils attendaient des actes forts après la présidentielle. Même l’investiture de Faure Gnassingbé avait été l’objet d’un imbroglio : le président avait fini par organiser sa cérémonie le dimanche 3 mai, à la limite de la période autorisée par la Constitution.
Atermoiements et indécision furent un peu les maîtres-mots de cette année 2020 au Togo, le président tout juste réélu tardant à entreprendre des changements à la tête de l’Etat. Il aura fallu attendre pas moins de sept mois pour que Faure Gnassingbé opère enfin un remaniement ministériel attendu. Le 28 septembre, le Premier ministre Komi Sélom Klassou était remplacé par Victoire Tomegah Dogbé. Un geste symboliquement fort : l’ancienne directrice de cabinet du président Gnassingbé est la première femme à occuper ce poste au Togo. Très vite, elle a imposé son style, multipliant les réunions de travail sur le terrain et mettant en place un conseil des ministres hebdomadaire.
Exit le PND, remplacée par la « feuille de route quinquennale »
Mais un an après la réélection de Faure Gnassingbé, qu’est-ce qui a vraiment changé au Togo ? Du côté du palais présidentiel, la vie semble être un long fleuve un peu trop tranquille. Muré dans le mutisme qui le caractérise, le chef de l’Etat reste en retrait. Outre un passage en revue des effectifs de son armée, une participation à un séminaire gouvernemental ou encore la célébration de l’anniversaire du décès de son père, Faure Gnassingbé s’est concentré ces derniers mois sur ses relations à l’international, voyageant en Côte d’Ivoire, au Congo-Brazzaville ou bien au Gabon. Le chef de l’Etat a soigneusement laissé la gestion des affaires courantes à son nouveau Premier ministre, qui doit redresser la barre après une année marquée par la pandémie de Covid-19.
Mais le président, en coulisse, travaille à la mise en place des chantiers évoqués lors de sa campagne. Au moment de son allocution pour le Nouvel an, Faure Gnassingbé a indiqué vouloir, après une année de Covid-19, renforcer le système de santé togolais. « L’assurance maladie universelle sera généralisée de manière progressive. Spécifiquement, nous démarrerons dans les prochains jours le programme de gratuité des soins pour les femmes enceintes », a affirmé le chef de l’Etat, rappelant ainsi ses engagements de campagne. Un an après le scrutin présidentiel, les réformes tardent. Et ce, malgré l’annonce par le Premier ministre de la mise en place d’une « feuille de route quinquennale », en remplacement d’un Plan national de développement du Togo 2018-2022 qui n’a pas tenu ses promesses.