Malgré un intense lobbying de la part de la Côte d’Ivoire, le président sénégalais soutient son candidat à la présidence de la CAF. Augustin Senghor compte bien rafler la mise devant Jacques Anouma.
Réduire la Confédération africaine de football (CAF) à une simple institution gérant des problèmes liés au ballon rond serait une grave erreur. Les leaders africains l’ont compris et les tractations politiques ont débuté ces derniers mois…
A trois semaines de l’élection du président de la CAF, les chefs d’Etat de plusieurs pays sont en effet entrés dans la danse. Le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Sénégalais Macky Sall, notamment, prêchent pour leurs candidats respectifs. Et à ce jour, chacun campe sur ses positions.
Pour être élu président de la CAF, un candidat doit obtenir la majorité des suffrages. Chacune des 54 fédérations africaines dispose d’une voix, qui pèse autant que l’on soit un « gros » ou un « petit » pays, lors d’un scrutin majoritaire à plusieurs tours. En coulisse, le lobbying a débuté, chaque candidat tentant de rallier à sa cause les présidents de fédérations. Site de vente en ligne en tunisie
Les fédérations encore indécises
Le caractère hautement politique de cette élection est indéniable. Les statuts de la CAF indiquent d’ailleurs très clairement que le président de l’institution « est chargé des relations de la CAF avec la FIFA, les autres confédérations et les membres, ainsi que les instances politiques et les organisations internationales ». De plus, le président de la CAF a un rôle à jouer au niveau international : à peine élu, il devient automatiquement vice-président au sein de la FIFA.
Pas étonnant, donc, que ce poste soit aussi convoité. Du côté d’Abidjan, malgré l’absence du candidat Jacques Anouma pour cause de coronavirus, une vingtaine de voyages à l’étranger ont été organisés. L’Ivoirien a le soutien de plusieurs ministres, dont celui des Affaires étrangères, Ally Coulibaly, et celui des Sports, Paulin Danho. Si le ministre ivoirien des Sports dresse à Jeune Afrique la liste des pays qui soutiendraient son candidat, rien n’est joué et le Togo, le Congo ou la Guinée n’auraient en réalité par encore fait leur choix.
Alassane Ouattara discrédité par ses soucis politiques ?
Il faut dire que la stratégie ivoirienne agace : Alassane Ouattara, peu à l’aise avec l’idée qu’un ancien collaborateur de Laurent Gbagbo prenne les rênes de la CAF, a fini par accepter la candidature de Jacques Anouma. Mais le président de la République a beau être sûr de lui, sa situation politique instable, après une réélection contestée, ne joue pas en sa faveur. Ni les problèmes de santé d’Hamed Bakayoko qui l’ont fait disparaître du paysage politique. Une absence qui pèsera dans la balance, Anouma devant être son homme à la CAF.
Anouma assure avoir « des contacts fréquents » avec Augustin Senghor pour une candidature ouest-africaine unique. Mais le Sénégalais est déterminé à se présenter. Macky Sall, son président de la République, doit prendre les rênes de l’Union africaine en 2022. Jugé plus stable politiquement que la Côte d’Ivoire, le Sénégal a donc toutes les cartes en main pour chiper la présidence de la CAF à un Jacques Anouma, dont l’âge et les quelques « casseroles » sont des handicaps certains.
Du côté de Motsepe, on se frotte les mains : deux candidatures ouest-africaines peuvent lui permettre d’envisager une victoire. Mais voilà plus de trois décennies que ce poste est réservé à des francophones. De plus, le Sud-Africain est accusé par la commission de gouvernance de la CAF d’être une « personne politiquement exposée en raison de ses liens familiaux étroits avec le parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC) » Le candidat de Cyril Ramaphosa est en effet son beau-frère et, par ailleurs, un « contributeur financier majeur à l’ANC », selon la commission de gouvernance.
Anouma-Senghor : un fauteuil pour deux ?
Ahmad Ahmad hors course, il reste enfin la candidature d’Ahmed Yahya. Considéré comme l’homme de Gianni Infantino, le Mauritanien a peu de chances si les fédérations africaines désirent se libérer de la tutelle de la FIFA. Comme Motsepe, il vise cependant une place dans le duel final.
Le 12 mars au Maroc, c’est surtout la lutte intestine entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui sera scrutée. Avant de partir se faire soigner en France, selon nos informations, Hamed Bakayoko avait demandé à Macky Sall de retirer son candidat. Le Premier ministre ivoirien avait alors rappelé au chef de l’Etat qu’une Sénégalaise, Fatma Samoura, avait déjà un poste important à la FIFA, celui de secrétaire générale.
Macky Sall, qui a une opportunité en or pour le Sénégal, avait refusé la demande d’Hamed Bakayoko. Augustin Senghor fera bel et bien partie de la liste des prétendants à l’élection du 12 mars prochain, qui annonce un joli duel à distance entre Sall et Ouattara. Entre Anouma et Senghor, un seul devrait passer le premier tour et représenter l’Afrique de l’Ouest. Les deux candidats devront ensuite trouver un terrain d’entente, pour de bon cette fois.