Alors que les pays africains attendent leurs premières doses de vaccin anti-Covid, le dispositif Covax semble avoir du plomb dans l’aile.
L’initiative était bonne. Mais le résultat est loin d’être à la hauteur des espérances. En lançant le dispositif Covax, l’Organisation mondiale de la Santé, l’Alliance Gavi et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) voulaient que « 2 milliards de doses puissent être distribuées équitablement d’ici la fin 2021 » dans les différents pays. Le mécanisme Covax, poursuit l’OMS, « constitue l’unique moyen d’atténuer l’impact de la pandémie en santé publique et au niveau économique ».
Les pays les plus riches prioritaires
Problème : en ce mois de février 2021, les pays les plus pauvres de la planète ne voient pas arriver les vaccins tant espérés. Ce n’est qu’en juin que les premières doses devraient arriver. On est loin de l’idée initiale du dispositif, qui était de vacciner toutes les populations en même temps et à un rythme similaire. Covax devait notamment permettre de dispatcher les vaccins, dont l’achat aurait été centralisé, et d’éviter une guerre des tarifs. 192 pays avaient adhéré à ce système.
En jetant un coup d’œil de l’autre côté des océans, l’Afrique voit peu à peu le dispositif Covax s’effriter. Plusieurs territoires, l’Union Européenne et les Etats-Unis en tête, ont signé des accords directs avec les laboratoires. Un contournement du dispositif Covax qui pose question : là où la solidarité devait permettre aux pays en développement de débuter leurs campagnes de vaccination, la loi de marché a primé.
Négociations avec la Chine et la Russie
La quasi-totalité des doses de vaccins ne sont donc plus disponibles, réservés au pays les plus riches. Un échec sanitaire, économique mais également humain : « Le monde est au bord d’un échec moral catastrophique », résume l’OMS, qui ne peut que regarder, impuissante, les pays africains se détourner du dispositif Covax. Tedros Adhanom Ghebreyesus déplorait mi-janvier le fait que plus de 39 millions de doses de vaccins aient été administrées dans 49 pays riches, notamment aux jeunes et aux populations non prioritaires, là où à peine 25 doses ont été livrées aux pays les plus pauvres.
Faute de vaccins via le dispositif Covax, les pays africains tentent donc de trouver la parade. Une parade qui passe par la Chine et la Russie, dont les vaccins coûtent moins cher. Le vaccin Spoutnik V est désormais prisé par le continent. Les Seychelles ont débuté leur campagne de vaccination sans attendre Covax, grâce au vaccin chinois.
Du côté de Covax, on tente de riposter. L’OMS et ses partenaires assurent que le Rwanda sera le premier pays d’Afrique à recevoir des doses. Le 3 février, le dispositif Covax a déployé son planning de distribution dans les 47 pays du continent concernés. Les vaccins AstraZeneca et Pfizer-BioNTech seront-ils enfin livrés ? Quoi qu’il en soit, même en cas de succès de l’opération, les doses de couvriront qu’à peine 3,3 % des besoins totaux de ces pays. Nul doute que les pays africains devront se débrouiller autrement…