Désormais seule en lice, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala devrait prendre les rênes de l’OMC. En pleine crise économique et institutionnelle, de nombreux dossiers l’attendent.
Ce serait une grande nouvelle pour l’Afrique, et une double première : la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala est en effet seule en lice pour devenir la nouvelle patronne de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Si elle va au bout, l’ancienne ministre des Finances, qui a également été à la tête des Affaires étrangères, serait la première Africaine et la première femme à prendre la direction générale de l’institution internationale.
Il aura fallu de la patience à la Nigériane : pressentie pour prendre ses fonctions le 9 novembre dernier, Ngozi Okonjo-Iweala avait obtenu l’aval d’une majorité écrasante de pays. Cependant, un des 164 pays membres de l’OMC avait opposé son veto : les Etats-Unis de Donald Trump. Sans consensus, la nomination a donc été reportée, la Maison-Blanche proposant de placer la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee à la tête de l’institution.
Un veto de l’administration Trump
Mais l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche a permis de rebattre les cartes. Deux semaines seulement après la passation de pouvoirs entre Trump et Biden, la ministre sud-coréenne a décidé de se retirer de la course à la direction générale de l’OMC. Elle laisse donc le champ libre à Ngozi Okonjo-Iweala, que rien ne semble pouvoir arrêter.
Pour être nommé directeur général de l’OMC, un consensus doit être trouvé entre les différents pays membres de l’organisation. Une institution dans laquelle les Etats-Unis ont évidemment du poids. Le refus de Donald Trump a donc été pris en compte. Et même si le temps pressait — l’OMC travers aussi bien une crise économique qu’institutionnelle —, il a été décidé de repousser la nomination « jusqu’à nouvel ordre ». Comprenez, jusqu’au départ prévisible de Donald Trump de la Maison-Blanche.
Ngozi Okonjo-Iweala : « je suis candidate à la réforme »
Désormais seule en lice, Ngozi Okonjo-Iweala devrait donc logiquement prendre la direction de l’OMC. Avec des chantiers délicats. Au moment des discussions, en novembre, l’administration Trump expliquait les enjeux de la nomination d’un nouveau directeur général : « C’est une période très difficile pour l’OMC et le commerce international. Il n’y a pas eu de négociations tarifaires multilatérales depuis 25 ans, le système de règlement des différends est devenu incontrôlable et trop peu de membres remplissent les obligations de transparence de base ».
L’OMC a donc, selon les Etats-Unis, « grandement besoin d’une réforme majeure ». Personne ne peut aujourd’hui contredire cette affirmation de l’administration Trump. Ngozi Okonjo-Iweala arrivera dans un contexte difficile de guerre économique entre les Etats-Unis et la Chine. Et la Nigériane se dit prête à se lancer dans la course aux réformes. « Je suis candidate à la réforme et je pense que l’OMC a besoin dès maintenant des repères et des compétences en matière de réforme », expliquait-elle il y a peu. Avant d’indique qu’un directeur général de l’OMC se doit de faire preuve d’« audace » et de « courage ».