A son arrivée à la tête de Tunisair, Olfa Hamdi avait annoncé vouloir réformer en profondeur le groupe tunisien. Mais l’UGTT en a décidé autrement et a remporté son bras de fer contre la très furtive ex-PDG de la compagnie aérienne.
C’est une victoire par K-.O. Et le combat n’a pas duré très longtemps. L’UGTT — le premier syndicat en Tunisie — a eu raison de la nouvelle PDG de Tunisair, Olfa Hamdi. Arrivée à la tête de la compagnie aérienne en janvier dernier, la jeune femme n’aura pas tenu deux mois avant d’être démise de ses fonctions. La semaine qui vient de s’écouler a été cruciale… et fatale. TAV Airports, un groupe turc qui s’occupe de la gestion de deux aéroports en Tunisie, a exécuté une saisie conservatoire de la moitié de la dette que Tunisair lui devait, le mercredi 17 février 2021. Malgré l’accord d’échelonnement de la dette, l’UGTT a profité de la situation pour appeler à une grève.
Olfa Hamdi et l’UGTT, l’amour vache
Dès sa prise de fonctions à la direction de Tunisair, Olfa Hamdi avait enchaîné les déclarations, les conférences de presse et les publications sur les réseaux sociaux. La jeune directrice « made in USA » voulait mettre en avant sa réactivité, ses ambitions et sa proactivité. Quitte à se montrer trop exubérante. Et à s’attirer les foudres d’un syndicat particulièrement influent en Tunisie.
Surtout, derrière les discours, il fallait des actes. La jeune PDG de Tunisair avait encore tout à prouver. Elle n’aura finalement pas le temps de mettre en avant ses méthodes, bien qu’elle ait lancé des travaux de maintenance sur la flotte de la société ou tenté de mettre en place des nouveaux standards de logistique. Après une campagne de presse, en Tunisie, dénonçant ses liens avec les lobbies américains, Olfa Hamdi a été démise de ses fonctions par le ministère des Transports.
Ce 21 février, Olfa Hamdi avait réagi aux menaces de l’UGTT en dévoilant une communication de son secrétaire général, Noureddine Taboubi. Dans sa lettre, Taboubi réclamait à Hamdi une avance sur les cotisations des employés de Tunisair à l’UGTT, de l’ordre d’un million de dinars. Avec 7 800 employés, le montant était extrêmement élevé. L’attaque d’Olfa Hamdi envers le secrétaire général de l’UGTT n’est finalement pas passé…
Officiellement, le ministre des Transports ne lie pas la publication de la correspondance entre Hamdi et Taboubi à ce licenciement. Il explique en effet que sa décision était prise avant cet épisode. Moëz Chakchouk estime que la PDG n’a pas respecté son droit de réserve. Et ce à plusieurs reprises. La révocation d’Olfa Hamdi montre à quel point Tunisair ne sait plus comment s’en sortir. Endettée, la compagnie ne s’en sort plus, peu aidée par la crise sanitaire actuelle. Hamdi avait promis transparence et lutte contre la corruption. Elle regardera finalement la compagnie sombrer… de chez elle.