Alors qu’il avait été dépeint comme un président éloigné des problématiques africaines, Donald Trump a en réalité poursuivi la politique africaine des Etats-Unis.
Décembre 2018. Lors d’un discours devant le think-tank conservateur de la Heritage Foundation, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump John Bolton annonçait que les Etats-Unis, sous l’égide de leur nouveau président, conditionneraient leurs aides aux États africains en fonction de leur soutien diplomatique à Washington, particulièrement aux Nations Unies. Sous la présidence de Donald Trump, les Etats-Unis se sont peu tournés vers le continent africain.
« Donald Trump est un homme d’affaires qui a des intérêts économiques un peu partout dans le monde sauf en Afrique. Il n’a aucune curiosité et aucun intérêt pour ce continent, affirmait le chercheur Jeff Hawkins, au moment où se terminait le mandat de Donald Trump. Et son administration ne s’est pas réellement engagée sur le terrain ».
Les populations africaines pro-Trump
Certes, plusieurs personnalités américaines ont voyagé en Afrique entre 2017 et 2020, comme l’ancien secrétaire d’Etat de Donald Trump, Rex Tillerson, qui a appris son licenciement alors qu’il était en Afrique, en mars 2018. Ou comme Mike Pompeo, son remplaçant, qui s’était rendu début 2020 au Sénégal, en Angola et en Ethiopie. Un voyage qui était « apparu comme un moyen de rattraper un retard, notamment du point de vue économique face à la montée de nouveaux concurrents », selon Hawkins.
De Trump, l’Afrique se souvient surtout d’un « off », à propos de plusieurs pays africains que l’ex-président américain aurait qualifiés de « pays de merde ». Ce qu’avait démenti la Maison-Blanche. Mais derrière le franc-parler de Donald Trump, c’est sa stature qui avait intéressé les Africains. Un sondage du très sérieux Pew Research Center indiquait que 65 % des Kényans déclaraient « faire confiance » à Donald Trump en tant que président, tout comme 58 % des Nigérians.
Les USA toujours engagés en Afrique
Derrière un pseudo-désintérêt pour l’Afrique, l’administration Trump n’a jamais réellement coupé avec le continent. Dans les domaines de la santé et de la lutte contre le terrorisme, Trump n’a jamais vraiment coupé avec la politique d’Obama. Trump « a pour une large partie maintenu les politiques de long terme dont il a héritées », résume John Campbell, ancien ambassadeur au Nigeria, membre du groupe de réflexion américain Council on Foreign Relations (CFR). Autrement dit : les faits montrent que l’on est loin de l’image montrée par les médias d’un total désintérêt de Trump pour l’Afrique.
Au moment où un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche n’est plus à négliger — un sondage montre que les électeurs éliraient Trump à 48 %, contre 43 % actuellement pour Joe Biden —, notamment depuis la décision des neuf juges de la Cour suprême américaine, qui ont invalidé la décision de justice du Colorado déclarant Donald Trump inéligible, ce n’est pas autant une mauvaise nouvelle pour l’Afrique qu’il n’y paraît.
Derrière les discours, il faut rappeler que Donald Trump, tout juste élu président, avait maintenu les budgets alloués à l’Afrique. Il avait par exemple reconduit l’allocation de 7 milliards de dollars pendant les trois années en 2016. De plus, 295 millions de dollars avaient été consacrés à la promotion de la bonne gouvernance et 561,5 millions consacrés au développement économique en 2019.