Vincent Bolloré comparaît ce vendredi devant le tribunal judiciaire de Paris. Accusé de corruption au Togo, l’homme d’affaires français plaidera coupable.
En 2018, Vincent Bolloré transmet Vivendi à son fils Yannick. Une opération accélérée par la mise en examen de Vincent Bolloré. Neuf ans plus tôt, Bolloré père se voit attribuer une concession portuaire au Togo. Mais la justice y voit un pacte de corruption avec le régime togolais. L’homme d’affaires va alors, pendant plusieurs années, tenter de se défendre.
Ce vendredi 26 février, Bolloré doit répondre de ses actes au Togo devant le tribunal judiciaire de Paris. En plaidant coupable, le patron devrait écoper d’amendes conséquentes, mais il s’évite surtout un long et douloureux procès. L’instruction a été longue et a permis à la juge Aude Buresi d’en savoir un peu plus sur les accords passés entre le président du Togo et l’homme d’affaires.
Une justice à deux vitesses
Le volet togolais du dossier Bolloré est symbolique. En juillet 2019, l’homme d’affaires avait obtenu la prescription de faits de corruption en Guinée-Conakry. La faute à un certain laxisme de la justice française. En effet, le procureur de Paris Jean-Claude Marin et Michel Maes, son vice-procureur, avaient été avertis que Bolloré avait mis au service d’Alpha Condé son agence de communication Havas en échange de l’obtention de juteux marchés. La justice avait, après un classement sans suite, refusé de lancer une investigation.
Mais Vincent Bolloré est aujourd’hui rattrapé par le volet togolais de l’affaire. Certes, impossible que le dossier guinéen lui revienne en plein visage. Mais l’homme d’affaires doit aujourd’hui assumer les conséquences d’actes similaires à Lomé. Le Français est notamment accusé d’avoir remporté la concession du port de Lomé en 2010, juste avant la réélection du président togolais Faure Gnassingbé. Le groupe Bolloré avait alors payé, via sa filiale Havas, 370 000 euros au chef de l’Etat. Des « dépenses de communication » qui s’étaient accompagnées de la nomination du frère de Faure Gnassingbé à la direction générale d’Havas Togo.
Corruption active d’argent public et abus de confiance
Ce sont notamment des perquisitions effectuées chez Jean-Philippe Dorent, le responsable du pôle international de Havas, qui ont permis à la justice de s’apercevoir que le groupe de communication échangeait des conseils aux présidents togolais et guinéen contre l’obtention de concessions sur des terminaux à conteneurs, que ce soit dans les ports de Lomé ou de Conakry.
En avril 2018, Vincent Bolloré a été mis en examen pour « corruption active d’agent public » et « abus de confiance » au Togo. L’homme d’affaires, de son côté, avait avoué qu’il soutenait les candidatures d’Alpha Condé et Faure Gnassingbé, mais il a toujours nié avoir profité des conseils d’Havas pour obtenir des faveurs.
Après de multiples rebondissements, Vincent Bolloré a fini par avouer qu’il avait bien été informé de sommes conséquentes dépensées pour la communication du président Faure Gnassingbé. Sans pouvoir expliquer pourquoi il avait pu prolonger les durées de ses concessions portuaires togolaises, ni la mise en place d’avantages fiscaux accordés à sa société.