La capitale ougandaise, Kampala, s’est réveillée ce mardi avec deux explosions massives en centre-ville. Une attaque qui s’ajoute à la longue série d’attentats à la bombe dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Deux puissantes explosions ont été observées dans la capitale ougandaise, Kampala, dans la matinée de ce mardi 16 novembre. Des témoins ont déclaré qu’une explosion s’était produite près d’un poste de police et une autre dans une rue près du Parlement. Un bâtiment abritant une compagnie d’assurance a pris feu, et l’incendie qui a suivi a englouti des voitures garées à l’extérieur.
Certains députés ont été vus en train d’évacuer l’enceinte du bâtiment parlementaire à proximité, selon la chaîne de télévision nationale UBC. Une vidéo d’un témoin publiée en ligne a montré de la fumée s’élevant de la scène de l’explosion près du poste de police. La police n’a pas immédiatement commenté et aucune précision n’a été apportée quant aux éventuelles victimes. Des témoins parlent de quatre morts et d’une trentaine de blessés.
Following the unfortunate and cowardly act of terrorism, our health workers are working around the clock to save lives of those injured. @MulagoHospital is currently attending to about 24 causalities. Reports indicate four are in critical conditions
— Ainebyoona Emmanuel (@ainbyoo) November 16, 2021
Avec cet attentat, la capitale ougandaise en est à sa septième attaque à la bombe en trois mois. Si, depuis des années, l’opposition entre l’armée et l’organisation Forces démocratiques alliées (ADF) a fait beaucoup de victimes, le mode opératoire et, surtout, les raisons des attaques sont aujourd’hui différents.
En effet, depuis l’arrestation du chef des ADF, Jamil Mukulu, en 2015, le groupe rebelle a déplacé ses activités vers l’ouest, en République démocratique du Congo (RDC), et a muté en groupe terroriste, visant constamment les civils et les forces armées des pays de la région — RDC, Ouganda, Burundi et Rwanda. On relève aussi une activité des ADF dans le nord mozambicain. Et sur ces deux fronts, le groupe armé a subi une série de défaites, le rendant moins influent.
Daech vise-t-il l’Etat ougandais ?
Mais qui donc, aujourd’hui, s’attaque à la capitale ougandaise ? Du côté du gouvernement, on accuse « des groupes terroristes », sans plus de précisions. Toutefois, un communiqué de l’Etat islamique (Daech), envoyé le 24 octobre à plusieurs médias, via un compte affilié sur le service de messagerie Telegram, a revendiqué les attaques de septembre et d’octobre.
Le communiqué parle, d’ailleurs, d’une attaque survenue début octobre dans un bar à Kampala, « où les membres et espions du gouvernement ougandais s’étaient rassemblés ». Néanmoins, ni le communiqué de Daech, ni le peu d’informations qui ont fuité, ni même le contexte général, n’expliquent les objectifs du groupe terroriste en Ouganda.
En l’occurrence, le président ougandais Yoweri Museveni, engagé dans la lutte contre le terrorisme dans la région, a déclaré que les attaques récentes étaient « des actes de terrorisme ». Du côté des forces de l’ordre, outre quelques précisions concernant les moyens déployés par les auteurs de ces actes et les spécificités sur les engins explosifs improvisés (IED) utilisés, rien n’a été apporté quant à d’éventuelles arrestations.
Lors des cinq attaques précédentes à Kampala, aucune n’avait visé de bâtiments gouvernementaux avant aujourd’hui. L’Etat ougandais serait-il devenu la cible des terroristes de Daech ?