Après des mois de débat, le président de Sierra Leone, Julius Maada Bio, a approuvé le projet de loi sur l’autonomisation des femmes. La loi devrait prochainement être votée.
En Sierra Leone, il sera sans doute intéressant de voir les opposants du président Julius Maada Bio critiquer la loi sur l’égalité des genres enfin soumise au parlement pour débat. En effet, le président sierra-léonais a approuvé le projet de loi proposé par sa ministre de l’Enfance, Manty Tarawalli. Cette loi est au centre des débats politiques en Sierra Leone depuis 2013.
En effet, le prédécesseur de Maada Bio, Ernest Bai Koroma, avait refusé les résultats de l’enquête des Nations unies sur la condition des femmes en 2013. Le président Koroma et son parti l’APC s’opposaient fermement à toute réforme donnant aux femmes plus de droits. Toutefois, l’actuel parti au pouvoir, le SLPP, a promu plusieurs femmes à des postes à responsabilité. Parmi ces femmes, la ministre Manti Tarawalli. Néanmoins, la parité des genres était restée au point mort, jusqu’à ce que le chef de l’opposition, Kandeh Yumkella, de la coalition NGC, ne charge Maada Bio sur le sujet.
Au bout de deux semaines, c’est l’administration du président qui a décidé de prendre l’opposition à revers, en proposant une loi sur l’égalité des genres.
Today, cabinet under the leadership @PresidentBio approved the Gender Empowerment Bill 2021 to allow for 30% female elected and appointed positions including access to finance for women, subject to Parliamentary approval. #Tok&Do#GenderEquality
— ministermanty (@MinisterManty) July 21, 2021
Une avancée souhaitée par les partenaires internationaux
La ministre Tarawalli a déclaré : « En tant que femme et ministre de tutelle, je suis ravie. Je suis fière que Son Excellence et mes collègues au gouvernement aient soutenu ce projet de loi historique ». Elle a rajouté que le projet de loi serait publié immédiatement. Il sera aussi inscrit à l’ordre du jour des séances du Parlement après les vacances.
Parmi les dispositions du projet de loi, certaines sont réellement révolutionnaires dans le contexte de la Sierra Leone. On trouve par exemple dans ce texte un article qui prévoit de réserver 30 % des sièges parlementaires, des postes administratifs et des postes au gouvernement aux femmes. De plus, une disposition prévoit un pourcentage du financement public des PME réservé aux entreprises dirigées par des femmes. Enfin, un article prévoit un régime matrimonial de séparation des biens plus favorable aux femmes sierra-léonaises.
Ces réformes, et d’autres prévues par le projet de loi, devraient aussi avoir un énorme impact sur la diplomatie de la Sierra Leone. En effet, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) fait pression sur la Sierra Leone depuis des années sur ce sujet. L’USAID déplorait l’accès restreint des femmes aux postes de pouvoir et l’impunité des violences conjugales, entre autres, et imputait ces problèmes au gouvernement sierra-léonais. Pour cette raison, le pays a raté plusieurs opportunités de financements américains et occidentaux.
Cette loi aiderait également à résoudre la crise du chômage qui touche les femmes plus que les hommes, selon les statistiques du gouvernement. Jusqu’à maintenant, les employeurs rechignaient à employer des femmes afin d’éviter les congés maternité. Par ailleurs, l’harmonisation de l’âge du mariage et la criminalisation des mutilations génitales féminines sont également prévues dans le projet de loi.
This week we join world leaders & others at the Generation Equality Forum in Paris to push forward on gender equality. Despite Sierra Leone pledging to end violence against women and girls there’s has been no push to end female genital mutilation.#ActForEqual #GenerationEquality pic.twitter.com/FyXNgn9i31
— #AGirlAtATime🤰🏽 (@agirlatatime) June 27, 2021