Le président sortant est accusé par l’opposition et des observateurs locaux d’avoir gonflé son score lors de la présidentielle, qu’il a officiellement remportée dès le premier tour.
Aussitôt élu, aussitôt président. Le chef de l’État sortant de Sierra Leone, Julius Maada Bio, briguait sa propre succession. Le 27 juin dernier, le président a été élu après l’annonce par la Commission électorale des résultats. Dès le premier tour, avec plus de 55 % des suffrages — le minimum requis pour éviter un second tour —, devant Samura Kamara. Il n’aura fallu attendre que quelques dizaines de minutes pour que Julius Maada Bio prête serment.
Un empressement qui étonne, alors que la Commission électorale a mis trois jours pour annoncer les résultats aux électeurs sierra-léonais. Dès l’annonce, l’opposition a dénoncé un manque de transparence de la part de la Commission électorale et déploré « une attaque frontale contre notre jeune démocratie ». L’adversaire du président réélu a estimé que les résultats n’étaient « pas crédibles » et a affirmer « rejeter catégoriquement les résultats annoncés par la Commission électorale ».
Face à la situation assez tendue, le doute s’est installé, et pas seulement chez les électeurs ayant choisi l’opposition. Un collectif de membres de la société civile sierra-léonaise vient de publier un rapport dans lequel il assure que les résultats du président sortant ont été surévalués pour éviter l’organisation d’un second tour.
Le document indique que Julius Maada Bio n’a en réalité obtenu que 50 %, environ, des suffrages, et non pas 56 % comme annoncé par la Commission électorale. Tandis que Samura Kamara aurait vu son score, officiellement évalué à 41 %, amputé de 5 points.
Mais cela pourrait ne rien changer : le collectif, National Elections Watch, est accusé de rouler pour l’opposition. Et le fait que Julius Maada Bio ait déjà prêté serment risque bien de rendre difficile un quelconque retour. Cependant, malgré tout, la Constitution autorise les contestataires à déposer un recours devant la Cour suprême.
Désormais, Samura Kamara a une semaine pour déposer ce fameux recours. Mais l’opposant sait que ses chances de voir une nouvelle élection être organisée sont minces. Sauf coup de théâtre, Julius Maada Bio poursuit bel et bien son mandat présidentiel.