Lors des Journées nationales des diasporas et de l’Afrique, Samuel Eto’o a soulevé le problème, selon lui, de la binationalité dans le football et appelé à se concentrer sur les joueurs nés dans les pays africains.
Ce week-end avaient lieu les Journées nationales des diasporas et de l’Afrique, à Bordeaux. Présent, Samuel Eto’o a été invité à se prononcer sur la binationalité dans le football. « Je ne souhaite pas avoir un Kylian Mbappé qui est né à Bordeaux dans notre équipe nationale mais faire des Kylian Mbappé qui sont nés dans nos quartiers populaires du Cameroun. Parce qu’il y a des talents sur nos territoires à valoriser », a indiqué l’ancien Lion indomptable, aujourd’hui président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot).
« Je ne souhaite pas avoir un Kylian Mbappé qui est né à Bordeaux dans notre équipe nationale mais faire des Kylian Mbappé qui sont nés dans nos quartiers populaires du Cameroun. Parce qu’il y a des talents sur nos territoires à valoriser. »
Samuel Eto’o aux JNDA. 🦁🇨🇲 pic.twitter.com/Sq9SUMxf3W— AllezLesLions (@AllezLesLions) March 26, 2022
Samuel Eto’o avait prévenu, lors de sa campagne électorale, vouloir mettre en avant la formation des jeunes dans son pays. Il expliquait alors : « Les Africains ont beaucoup de talent, les Européens un peu moins. Mais les Européens ont compris quelque chose : la formation. La formation est la magie de tout succès ». Si l’objectif du président de la Fecafoot est de s’appuyer sur un vivier de footballeurs qui seraient nés en Afrique, les commentaires, notamment dans la presse et sur les réseaux sociaux, sont mitigés concernant sa sortie.
Le Sénégal s’appuie sur ses binationaux
Car depuis de nombreuses années, les sélections nationales africaines s’appuient sur les binationaux. Le Sénégal, qui vient de remporter la Coupe d’Afrique des nations, a pu compter sur ses compatriotes nés à l’étranger pour aller au bout de la compétition, du gardien Édouard Mendy, né en France, au Franco-Sénégalais Abdou Diallo, qui évolue aujourd’hui au PSG.
⭐🇸🇳⭐ Le comportement de cet homme est tout simplement exemplaire. Il a définitivement gagné le RESPECT et le COEUR des senegalais.
Il a radicalement changé le regard que certains pouvaient avoir sur les “binationaux”.@Nabyleu @fatima_bocoum #Sn221 #Kebetu #TeamSenegal pic.twitter.com/DOho3fN7pF— FfallPost🇸🇳⭐ (@ModelLecitoyen) February 9, 2022
Faut-il alors, comme le dit Samuel Eto’o, se passer des binationaux et miser sur ses joueurs nés dans le pays ? Les centres de formation européens sont généralement de bons tremplins pour les jeunes binationaux qui font, pour certains, leurs armes dans les équipes U15, U17 ou Espoirs de leurs pays d’accueil avant de se tourner vers leurs sélections d’origine. C’est le cas de Moussa Sow qui, après a remporté l’Euro 2005 avec l’équipe de France des moins de 19 ans, a opté pour la sélection sénégalaise en 2009.
De quoi fâcher les Français. En avril 2011, François Blaquart, alors directeur technique national du football français, déplorait que « la FIFA s’est copieusement vendue aux nations africaines. Ce sont des enjeux électoraux. Ces pays se sont débrouillés pour qu’il y ait beaucoup plus de souplesse et d’ouverture au niveau de la réglementation ». En effet, un joueur qui a été formé dans un pays européen et qui a joué pour les sélections nationales de jeunes peut, ensuite, choisir un autre pays pour lequel évoluer.
Des joueurs fiers de leurs origines
La direction technique nationale du football français affirmait, en 2011, qu’environ la moitié des jeunes des sélections nationales africaines étaient des binationaux. Ce chiffre n’a pas dû beaucoup évoluer ces derniers temps. En affirmant vouloir des joueurs nés sur son propre sol, Samuel Eto’o semble déconnecté de la réalité.
Reste que se pose également une véritable question : celle du nationalisme des joueurs binationaux. Convoqué par le Burkina Faso pour la CAN, le défenseur du FC Bâle Nasser Djiga n’a pas accepté la convocation, déclarant vouloir laisser la place aux joueurs se sentant véritablement burkinabès. D’autres binationaux avant lui ont cependant accepté de joueur pour leurs pays d’origine, comme le Marocain Youssef El Arabi, qui s’était dit « ravi et fier de porter le maillot du bled ». Mahrez, lui, avait préféré l’Algérie à la France, en affirmant son « attachement à l’Algérie ».
Cependant, la déclaration d’Eto’o n’est pas anodine, car le Cameroun a des spécificités que d’autres pays n’ont pas : le Cameroun ne reconnaît en effet pas la double citoyenneté et, si un joueur accepte un passeport camerounais, il doit espérer un décret pour ne pas être déchu de son autre nationalité. La Fecafoot fait cependant en sorte que ses Lions indomptables bénéficient de telles facilités.