En début de soirée, hier, le ministre marocain des Affaires étrangères a suspendu tout contact avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat. La déclaration écrite du ministre Nasser Bourita fait suite au drapeau sahraoui hissé sur le mât du Parlement de la ville de Brême.
Le ministère des Affaires étrangères marocain a appelé tous les départements ministériels et tous les organes qui relèvent de leur tutelle à suspendre tout contact, interaction ou action de coopération avec l’Allemagne. En cause, une photo qui circule depuis le 26 février. On y voit le Parlement de la ville de Brême, en Allemagne. Devant le bâtiment, un drapeau de la République arabe sahraouie démocratique.
Un événement que le ministre Nasser Bourita ne mentionne pas expressément. Le ministre des Affaires étrangères indique simplement que la décision serait due à « de profonds malentendus avec la République fédérale d’Allemagne sur des questions fondamentales du Royaume du Maroc ». Les principaux organes de presse du pays ont publié cette déclaration, mais l’agence d’Etat et le gouvernement marocain n’ont, pour l’heure, pas encore confirmé officiellement la nouvelle.
Le Parlement de Brême en Allemagne a osé hisser devant son bâtiment le torchon de la prétendue RASD et la réaction de notre diplomatie ne s’est pas fait attendre 👊. pic.twitter.com/b7Odl8fqQH
— M. HIMMI (@MHIMMI2) March 1, 2021
De l’alliance à la brouille
Jusqu’ici, le Maroc et l’Allemagne entretenaient de bonnes relations. En décembre 2020, l’Allemagne a fourni au Maroc 1,3 milliard d’euros de soutien financier pour aider le Maroc à faire face à la crise de la Covid-19. Le ministre marocain des Affaires étrangères avait alors eu un entretien téléphonique avec son homologue allemand Gerd Müller pour approfondir la coopération entre les deux pays dans différents domaines. Il avait été question notamment d’un soutien pour le développement de l’énergie verte au Maroc dans le cadre d’investissements financés en partenariats public-privé (PPP).
Le 10 décembre dernier, l’administration Trump avait reconnu « la souveraineté marocaine sur l’ensemble du territoire du Sahara occidental », estimant « qu’un Etat sahraoui indépendant n’est pas une option réaliste pour résoudre le conflit ». Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est inscrit sur la liste des territoires non autonomes de l’Organisation des Nations unies.
Depuis trois mois, l’Union européenne a eu du mal à se positionner. Seule l’Allemagne a appelé à réunir le Conseil de sécurité de l’ONU pour évoquer la question du Sahara occidental.
Du côté du Maroc, on tempère le communiqué de presse : « Le Maroc souhaite préserver sa relation avec l’Allemagne, mais c’est une forme d’alerte exprimant un malaise sur de nombreuses questions », indique un haut responsable du ministère des Affaires étrangères. Mais la menace d’un envenimement des relations pèse sur l’Allemagne : « Il n’y aura pas de contact tant que des réponses ne seront pas apportées sur différentes questions qui ont été posées ».
D’autres points de discorde ?
Outre le Sahara occidental, le refus de l’Allemagne d’extrader Mohamed Habjib, un ex-détenu marocain accusé de terrorisme. Hajib vit en Allemagne depuis 2017, après avoir passé sept ans dans une prison marocaine pour terrorisme. Depuis qu’il a déménagé en Allemagne avec sa femme, Hajib a publié une série de vidéos sur YouTube dans lesquelles il accuse les services de sécurité marocains de l’avoir torturé. Des accusations que beaucoup de ses compagnons de cellule ont nié dans les médias.