Alors que l’ONU n’a plus d’envoyé spécial au Sahara occidental, la RASD réclame un siège au sein des Nations unies. Une demande officielle a été formulée.
Lundi dernier, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a affirmé qu’elle avait fait la demande d’obtention d’un « siège » au Nations unies. Mohamed Salem Ould Salek, chef de la diplomatie du Sahara occidental, a indiqué que « la RASD, membre fondateur de l’Union africaine (UA), réclame la place qui lui revient au sein du concert des nations ». Le conflit du Sahara occidental est plus que jamais vif, Alger et Rabat multipliant le lobbying concernant leurs positions respectives sur la région. Contre une normalisation de ses relations avec Israël, le Maroc a obtenu des Etats-Unis la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental en décembre dernier.
Depuis, Alger s’active sur le dossier. Dimanche dernier, lors d’une réunion virtuelle des Douanes de la région MENA, la délégation algérienne s’est retirée des travaux de la session après qu’une carte présentant le Sahara occidental comme faisant partie intégrante du Maroc a été présentée.
Côté marocain, des troupes ont été déployées par le Maroc dans l’extrême sud du Sahara occidental. L’objectif de l’armée est de débloquer un axe commercial vers l’Afrique de l’Ouest, alors que des indépendantistes y empêchaient le passage de marchandises. Les autorités locales se disent « en état de guerre de légitime défense ».
Autant dire que la sollicitation d’un siège à l’ONU irrite passablement le royaume chérifien. Fin 2020, les Nations unies ont appelé les parties prenantes — Algérie, Maroc, Polisario et Mauritanie — a reprendre les pourparlers « en vue de parvenir à une solution politique juste » et de se diriger vers « l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
La RASD demande le soutien de la France et de l’Espagne
Mais Rabat refuse que le Front Polisario soit intégré aux discussions. « Les deux véritables parties prenantes devraient s’asseoir à la table des négociations », a indiqué Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères marocain, lundi dernier. Autrement dit, le Maroc et l’Algérie. Son homologue algérien avait réclamé, la veille, « des négociations directes et sérieuses entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario ».
En laissant les négociations se faire seules, l’ONU veut éviter d’entrer dans ce conflit. Mais sans statut aux Nations unies, la RASD estime être lésée. « Il ne faut pas que le peuple sahraoui et l’Etat sahraoui soient pénalisés par cette attitude intransigeante qui défie la légalité internationale », estime le chef de la diplomatie sahraouie qui appelle à un référendum.
L’ONU considère toujours le Sahara occidental comme un « territoire non autonome ». Depuis 45 ans, la RASD a été proclamée par le Polisario. Ce dernier est soutenu par l’Algérie tandis que le Maroc propose une part d’autonomie aux autorités locales tout en conservant sa souveraineté. La diplomatie sahraouie réclame un peu plus de soutiens, notamment de la part de la France et de l’Espagne.
Quant au Conseil de sécurité de l’ONU, il doit se réunir dans deux semaines. Et le Sahara occidental est au menu des discussions, notamment en ce qui concerne la prolongation de la Minurso, sa mission sur place. L’ONU n’a plus d’envoyé spécial au Sahara occidental. Mais quand bien même les Nations unies en nommeraient un nouveau, le Polisario estime que c’est insuffisant et que la RASD doit avoir son propre siège au sein de l’instance internationale.