Près d’un an après son arrivée au poste d’envoyé personnel au Sahara occidental du secrétaire général des Nations unies, Staffan de Mistura a bien du mal à être le médiateur idéal dans le dossier du Sahara occidental.
Il a le soutien de l’Allemagne et de l’Espagne. Alors que les présidents algérien et allemand, Abdelmadjid Tebboune Frank-Walter Steinmeier, se sont entretenus il y a quelques jours, Berlin a « exprimé le soutien de l’Allemagne au rôle de l’envoyé de l’ONU au Sahara Occidental, Staffan de Mistura ». Quant au chef du gouvernement espagnol, il a fait part de « l’appui total » de l’Espagne aux efforts de l’Italo-Suédois. A l’exception de ces déclarations positives, difficile de savoir ce qu’a entrepris l’envoyé personnel au Sahara occidental du secrétaire général des Nations unies António Guterres. Car le dossier sahraoui patine.
Le 1er novembre prochain, le diplomate italo-suédois soufflera sa première bougie à ce poste. Mais à l’exception d’une montée de tension provoquée par des déclarations de la part d’Alger et de Rabat, on a du mal à savoir en quoi la mission de Staffan de Mistura consiste.
La Russie à la rescousse
En réalité, l’Italo-Suédois a décidé d’opter pour une série de rencontres et de déplacements chez plusieurs responsables occidentaux. Outre des discussions à plusieurs reprises avec le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares, Staffan de Mistura s’est également tourné vers la Belgique, où il a reçu le soutien de la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib.
Dépourvu de solutions, le diplomate s’est également tourné vers la Russie, qui s’était abstenue de voter la résolution sur le Sahara occidental l’an dernier à l’ONU. Ces derniers jours, l’envoyé spécial a discuté avec Sergueï Lavrov. Un choix étonnant lorsque l’on sait à quel point la Russie est en disgrâce au sein des Nations unies. Mais Mistura espérait obtenir un coup de pouce de la part du ministre russe des Affaires étrangères, qui s’était entretenu, lors de la dernière Assemblée générale de l’ONU, avec son homologue marocain, Nasser Bourita.
Or, Mistura sort d’une tournée lors de laquelle il s’est rendu à Alger, dans les camps de Tindouf et à Nouakchott en Mauritanie. Le diplomate ne s’est pas rendu à Rabat, ni dans les territoires sahariens administrés par l’État marocain, dont El Aaiún qu’il voulait pourtant visiter.
Des tournées sans résultat
Reste que, malgré ses voyages et ses rencontres, la mission de Staffan de Mistura s’annonce infructueuse. Car l’ONU s’est mise en tête de relancer le dialogue entre Alger et Rabat, et de remettre les deux pays autour de la table dans cet épineux dossier. Sauf que, d’un côté, l’Algérie préfère se tenir éloignée de la table des négociations et que le Maroc met actuellement une pression monstre sur la communauté internationale, tentant de convaincre cette dernière que son plan pour le Sahara occidental reste la meilleure option.
Outre le rôle plutôt flou de Staffan de Mistura, c’est plus globalement celui de l’ONU qui pose question. Ce lundi, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est tenu à New York et une réunion des pays contributeurs de troupes à la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) s’est tenue. Fin octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU décidera ou non de renouveler le mandat de cette mission. Le secrétaire général de l’ONU a notamment estimé que cette mission « représente l’engagement des Nations unies et de la communauté internationale en faveur d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » au conflit au Sahara occidental.
Le Front Polisario, de son côté, accuse l’ONU de manquer de fermeté dans l’application des différentes résolutions. Selon le chef d’état-major de l’Armée de libération du peuple sahraoui, Mohamed Luali Akeik, « l’ONU a fui ses responsabilités pendant trente ans, ce qui a eu des répercussions sur le peuple sahraoui, qui paie un prix élevé en raison de l’obstination de l’occupant marocain ».