Après 24 heures d’audition au sein de l’Agence nationale des renseignements, le ministre des Hydrocarbures Didier Budimbu a été relâché hier. Ses proches dénoncent une vengeance du puissant homme d’affaires Dan Gertler.
Après l’affaire François Beya, accusé par l’Agence nationale des renseignements (ANR) de « menace à la sûreté nationale », qui a fait beaucoup de bruit en République démocratique du Congo (RDC), c’est désormais l’audition du ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, d’être au centre d’un nouveau scandale. Une affaire complexe, car elle touche cette fois un proche de la Première dame, Denise Nyakeru Tshisekedi. Or, selon les premiers éléments dont dispose la presse congolaise, c’est pour des soupçons d’atteinte à la sécurité de l’Etat que le ministre vient de passer 24 heures dans les bureaux de l’ANR, avant d’être remis en liberté.
Didier Budimbu a notamment été interrogé sur une rencontre avec « un opérateur soupçonné de financer les groupes armés à l’Est de la RDC », selon Jeune Afrique, alors que des rumeurs couraient jusqu’à aujourd’hui sur des soupçons de corruption. Voilà plusieurs jours que Didier Budimbu subit des attaques. La faute, selon ses proches, à l’affaire Dan Gertler. C’est le ministre des Hydrocarbures qui a été le plus actif dans ce dossier, qui n’a pas forcément plu à l’homme d’affaires israélien.
Une source au sein du ministère des Hydrocarbures assure en effet que le dossier Gertler a coûté cher à Didier Budimbu, qui pourrait donc être la cible d’une campagne de harcèlement de la part du cercle de l’homme d’affaires, réputé proche des réseaux de Joseph Kabila. Si ces derniers ont tenté de lui reprocher la crise des carburants en RDC, la convocation de l’ANR semble être le point d’orgue de cette campagne.
Des méthodes qui rappellent Kabila
Une convocation qui, d’ailleurs, n’en était pas vraiment une. Selon des proches du ministre des Hydrocarbures, c’est en effet à une « séance de travail » dans les bureaux de l’ANR qu’a été convié Didier Budimbu, qui n’imaginait donc pas y passer une journée entière. Les fameux soupçons d’atteinte à la sûreté de l’Etat n’ont, semble-t-il, pas été concluants puisque le ministre a été relâché.
L’ANR a en tout cas des méthodes bien rodées : l’agence avait arrêté François Beya alors que le président Félix Tshisekedi concluait sa présidence à l’Union africaine lors d’un sommet de l’UA. Le président avait dû rentrer en urgence. Cette fois, c’est le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde qui était en déplacement, au Nord-Kivu et dans l’Ituri.
Le chef de l’Etat serait alors intervenu pour faire libérer son ministre des Hydrocarbures au plus vite. Mais, au sein du gouvernement, on craint que les réseaux de Kabila ne soient devenus incontrôlables. L’audition de Didier Budimbu n’est pas anodine, au moment où vont être lancés les appels d’offres pour plusieurs blocs pétroliers ouverts à l’exploration.