Une pénurie de maïs dans le sud-est et le centre de la RDC menace la paix sociale. Inquiétant à quelques mois du lancement de la campagne présidentielle.
La pénurie de maïs peut-elle être préjudiciable pour le pouvoir en place en République démocratique du Congo (RDC) ? Le gouvernement n’est pas loin de penser qu’en cas de non-réaction, le mécontentement des populations du sud-est et du centre de la RDC pourraient être un frein à la réélection de Félix Tschisekedi. Le président connait bien le Maroc et connaît certainement le retentissement politique qu’avait eu la Révolte du pain dans le royaume.
En RDC, les populations du sud-est et du centre du pays sont actuellement confrontées à une pénurie de maïs, l’aliment de base dans l’alimentation. Problème : partout dans l’est de l’Afrique, les récoltes de maïs ont été faibles. Pour tenter d’importer des quantités suffisantes de la céréale, le gouvernement a pris des mesures économiques, décidant notamment de geler les taxes douanières.
Le vice-Premier ministre, Vital Kamerhe, admet que « ce n’est pas la honte pour la RDC d’aller importer pour sauver la population du Grand-Kasaï et du Grand-Katanga, c’est de la responsabilité ». Mais le dirigeant sait bien que la pénurie découle, entre autre, d’un manque de vision de la part du gouvernement, alors que de nombreuses terres arables auraient pu être utilisées pour faire pousser la fameuse céréale.
Allègement des taxes
Importer serait donc la solution. Encore faut-il trouver d’où. Car les ministres du gouvernement congolais sont partis en en Zambie et en Afrique du Sud pour tenter de trouver des solutions. Objectif : combler l’absence de production locale. Il faudrait un million de tonnes de maïs pour l’année, alors qu’un quart de la production seulement est disponible sur le marché congolais.
Pour Kamerhe, et par ricochet pour Tschisekedi, ce n’est pas seulement une histoire de maïs. Il s’agit de contenter les populations locales. Mais « les Zambiens nous donnent l’explication que l’Éthiopie, le Sud–Soudan, l’Ouganda, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et le Malawi ont acheté toute la cargaison qui était destinée à la RDC », s’émeut le gouvernement.
La RDC a donc mis fin, pour une durée de six mois, à tous les droits, aux taxes et aux redevances sur l’importation de maïs. Le pays espère ainsi combler son manque en farine. Dans le même temps, l’importation des intrants et des engins agricoles va également bénéficier d’un allègement des taxes, pour permettre aux producteurs locaux de produire plus de maïs dans les années à venir. Mais le temps presse, et la « diplomatie du maïs » n’a pas encore donné ses fruits.