Annoncé vainqueur de la présidentielle nigériane, Bola Tinubu va succéder, fin mai, à Muhammadu Buhari. Qui est le candidat du parti au pouvoir et ancien gouverneur de Lagos ?
Tout juste officiellement élu président du Nigeria, Bola Tinubu va succéder à Muhammadu Buhari au terme d’un scrutin à suspens. Lors de la présidentielle de dimanche dernier, l’ancien gouverneur de l’État de Lagos a en effet perdu dans plusieurs bastion autrefois acquis au pouvoir. Fait rare, « le parrain de Lagos » a perdu dans son propre fief, devancé par Peter Obi, le leader du Parti travailliste nigérian. Pourtant, Tinubu a gouverné l’État très stratégique de Lagos pendant huit ans, entre 1999 et 2007. Mais son bilan semble n’avoir pas marqué les esprits dans la capitale économique du pays. Les résultats à Lagos montrent que le nouveau président n’arrive pas en terrain conquis. Loin de là.
Car sa campagne, Bola Tinubu l’a faite en s’appuyant sur son bilan de gouverneur, justement. Heureusement pour le parti au pouvoir, Tinubu a remporté la plupart des autres États de sa région d’origine, le sud-ouest du Nigeria, et d’autres États qui lui ont permis, finalement, d’engranger plus de 25 % des suffrages exprimés dans au moins 24 États de la fédération.
Une victoire pleine de suspens. Mais une victoire tout de même pour celui qui, avant d’être président, marchait dans l’ombre de ces derniers. Notamment de Muhammadu Buhari, dont on dit qu’il a été le principal artisan de son succès. Tinubu est en effet considéré comme un « faiseur de rois », un véritable stratège politique qui connaît la politique nigériane su le bout de doigts.
Artisan de la démocratie
Mais un technocrate ne fait pas forcément un bon personnage politique. Et avoir créé Buhari ne fera pas de lui un président indéboulonnable. Car plusieurs critiques ont, tout au long de la campagne, été formulées contre lui. À commencer par son âge : à 70 ans, c’est bien tard que Tinubu va débuter sa carrière politique au niveau national et international. D’autant que ses détracteurs estiment que l’ex-gouverneur est en réalité bien plus âgé.
Outre des questions sur sa santé, Tinubu a également dû faire face à des accusations concernant des allégations de corruption. La justice l’a pourtant blanchi. « Ses partisans soutiennent que s’il était vraiment corrompu, il aurait été condamné, d’autant plus qu’il était un politicien de l’opposition », écrit le journaliste nigérian Olayinka Oyegbile.
Mais Tinubu, c’est aussi, selon les observateurs de la vie politique, un acteur historique : « Il a œuvré à la restauration de la démocratie au Nigeria. Avec d’autres, il est devenu la cible de l’élimination militaire et a dû fuir à l’étranger », rappelle ainsi le journaliste. Depuis son exil, Tinubu n’a eu de cesse de se battre pour la naissance de la démocratie dans son pays, avant de devenir gouverneur de Lagos.
Dans cet État important, il a multiplié les réformes, dans les secteurs de l’économie, de la justice, de la sécurité, entre autres. Tinubu a réussi à faire prospérer Lagos, malgré ses différends avec la présidence nigériane, allant jusqu’à se passe de l’allocation fédérale mensuelle, allouée aux États du pays.
Le 29 mai prochain, Tinubu prendra ses fonctions. Il succèdera à celui qu’il a aidé à accéder au pouvoir, voire à s’y maintenir. Reste désormais à reprendre les rênes d’un pays en proie à une grave crise économique. La fin du mandat de Buhari a été chaotique et le nouveau président a tout intérêt à redresser rapidement la barre.