Citée plusieurs fois dans le dossier des biens mal acquis, l’agence internationale de commercialisation immobilière de Dominique Ouattara, la Première dame de Côte d’Ivoire, aurait joué un rôle important.
Qui dit biens mal acquis dit généralement Guinée équatoriale ou Gabon… Alors que quatre enfants de l’ancien président gabonais ont été mis en examen à Paris, dans le cadre de l’affaire des biens mal acquis, un autre nom ressort du dossier. La Première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, pourrait en effet avoir participé à des opérations frauduleuses, voire en avoir été une des pierres angulaires. Le nom de l’épouse d’Alassane Ouattara, en tout cas, « parsème les PV d’audition », indique Africa Intelligence. En cause, une agence longtemps présidée par la Première dame, AICI International.
Avant d’être Première dame, Dominique Ouattara était une véritable femme d’affaires. En 1979, elle rachète une agence immobilière qui comprend deux personnes pour en faire un groupe qui emploie aujourd’hui 200 personnes. Une société implantée sur le continent, mais aussi en France, à Paris et à Cannes.
Des millions d’euros de commissions
Ce n’est pas la première fois que le nom de Dominique Ouattara est rendu public dans l’affaire des biens mal acquis. En décembre 2019, Le Monde racontait comment AICI, une agence immobilière appartenant à Dominique Ouattara, faisait « écran » et aurait permis à Omar Bongo, entre 1998 et 2008, d’acquérir une dizaine de biens immobiliers à Paris pour une somme totale de près de 13 millions d’euros.
Fin 2019, la dirigeante de l’agence AICI en France et de sa filiale au Gabon, Elisabeth Gandon, avait été mise en examen, accusée de « recel de détournement de fonds publics, recel de corruption, complicité de blanchiment de détournement de fonds publics et blanchiment de corruption » après la plainte de l’ONG Transparency International. L’agence de la Première dame de Côte d’Ivoire semble avoir joué le rôle de « facilitateur » dans le dossier des biens mal acquis et aurait permis de prendre de l’argent au Trésor gabonais, tout en encaissant d’énormes commissions au passage.
Dominique Ouattara, pas encore inquiétée ?
Le magazine L’Express, un peu plus tôt dans l’année, assurait que Dominique Ouattara allait être questionnée sur les biens mal acquis d’Omar Bongo en France. Mais l’épouse d’Alassane Ouattara semble ne pas être inquiétée par la justice française. Pourtant, précisait l’hebdomadaire français, la société de la Première dame de Côte d’Ivoire, rachetée en 1979, avait permis de « masquer » l’origine de plus de 60 millions d’euros investis en une dizaine d’années.
Si Dominique Ouattara n’a plus été administratrice de la société AICI après 2011 — elle met en avant Elisabeth Gandon, son amie de trente ans, également coordinatrice générale de Children of Africa, la fondation qu’elle a créée et a placé sa fille à la vice-présidence du groupe —, la Première dame est l’une des actionnaires de l’agence immobilière. Grâce à des chèques de banque, AICI permettait d’acheter, en laissant un minimum de traces, des biens pour des présidents africains. Interrogée en novembre 2018 par les policiers français, Gandon avait assuré n’avoir jamais imaginé jouer un rôle de société écran.
Reste que la « pluie de nouvelles mises en examen », comme Africa Intelligence définit l’avancée dans le dossier des biens mal acquis, pourrait bien donner lieu à des demandes d’explication à Dominique Ouattara. Pour le moment, la Première dame est tranquille, car elle n’apparaît plus en tant que dirigeante de l’entreprise immobilière. Mais si la justice française remonte aux années précédant 2011, nul doute que l’épouse d’« ADO » devra donner quelques réponses…