Pour la première fois, des billets algériens comporteront une autre langue que l’arabe. C’est l’anglais qui a été choisi par la Banque centrale algérienne.
C’est un petit événement qui a une grosse valeur symbolique. Au moment de commémorer l’anniversaire du 1er novembre 1954, date du déclenchement de la Révolution de libération nationale, la Banque centrale algérienne vient d’émettre un nouveau billet de 2 000 dinars et une nouvelle pièce de 50 dinars. Comportant habituellement des mentions exclusivement en arabe, on aperçoit cette fois des traductions en anglais.
Algérie : Quelques semaines après le voyage d’Élisabeth Borne et qques mois après celui d’Emmanuel Macron, les nouveaux billets sont en anglais. pic.twitter.com/D5PpF8DVuU
— Georges Malbrunot (@Malbrunot) November 1, 2022
Le français jamais utilisé sur les billets en dinars
Contrairement à ce que la presse étrangère annonce parfois, depuis 1964, le français n’a jamais été présent sur les billets de banque algériens. Mais le fait que la Banque centrale algérienne opte pour l’anglais plutôt que pour le français est hautement symbolique, surtout au moment où les relations entre Paris et Alger se réchauffent, et quelques semaines après le voyage d’une délégation conduite par la Première ministre française Élisabeth Borne en Algérie.
Mais faut-il pour autant y voir un message adressé à la France ? « Ce serait une polémique stérile, affirme un économiste algérien. Jamais le français n’a été inscrit sur les billets de banque en Algérie ». Pour ce spécialiste, il s’agit surtout de « s’ouvrir au monde ». L’annonce de l’impression du nouveau billet avec des inscriptions en anglais coïncide d’ailleurs au début du sommet de la Ligue arabe. De quoi promouvoir le dinar à l’international ?
Volonté politique ?
Certains observateurs y voient plutôt une volonté de l’Algérie de prévoir, à l’avenir, la convertibilité du dinar. D’autres estiment qu’il s’agit du premier pas d’Alger en direction des BRICS. La Banque centrale algérienne n’a, de son côté, pas encore donné d’explications précises.
En Algérie, certains s’étonnent que l’anglais, qui n’a aucune existence officielle, ait été choisi alors que le tamazight, selon l’article 4 de la Constitution, « est également langue nationale et officielle », même si « l’Arabe demeure la langue officielle de l’État ».
Outre le débat sur la langue utilisée sur les nouveaux billets et pièces, il est important de noter que la nouvelle pièce porte l’image de Hassiba Ben Bouali, figure important de la résistance féminine de la guerre de Libération, quand on aperçoit sur le nouveau billet l’image de l’émir Abdelkader et de plusieurs symboles algériens comme la grande mosquée d’Alger, le mont du Hoggar ou encore les ruines romaines de Tipaza.
Le billet et la pièce seront mis en circulation ce mercredi 2 novembre, prévient la direction de la Banque d’Algérie.