Selon plusieurs sources, un nouveau report de l’introduction en bourse de la filiale africaine de Coca-Cola, installée à port Elizabeth en Afrique du Sud, se présage. La raison avancée est, cette fois, la guerre en Ukraine.
Cela fait désormais quatorze mois que Coca-Cola Beverages Africa (CCBA) a annoncé une entrée en bourse (IPO) en Afrique du Sud. Mais plusieurs reports ont alimenté les rumeurs dans le secteur financier.
Des reports successifs sans véritables explications qui ont surtout permis d’éviter à la succursale du géant américain des sodas une introduction en bourse défavorable. En prenant son temps, que cherche véritablement Coca-Cola ?
CCBA avait fui la Belgique, puis la Turquie, pour ne pas se faire engloutir par InBev, puis par la filiale turque Coca-Cola İçecek. Depuis son atterrissage en Afrique du Sud, la filiale africaine de Coca-Cola s’est heurtée aux lois sud-africaines sur le quota de 20 % des investisseurs non-blancs, obligatoires pour tenter une introduction en bourse.
Ayant passé le gros de l’année 2021 à mettre en place ses troupes pour cette IPO risquée — Coca-Cola possède 68 % de CCBA —, CCBA sera contrainte de repousser, à nouveau, sa cotation boursière. Selon des sources qui se sont confiées à l’agence Reuters, l’instabilité du marché mondial, en raison de la crise ukrainienne, serait la raison principale de ce nouveau report.
Coca-Cola Afrique, entre le marteau et l’enclume
En effet, les revenus mondiaux des introductions en bourse ont chuté de 58 % dans les trois premiers mois de 2022 par rapport à l’année précédente. L’activité des intermédiaires, elle, s’est dégradée de plus d’un tiers. En Afrique du Sud, une quarantaine d’entreprises ont quitté la bourse de Johannesburg entre 2020 et 2022 déjà, préférant des cotations à l’étranger. Cela ne risque pas de s’améliorer avec la morosité mondiale des marchés financiers.
Pour Coca-Cola, le cours de ses actions a chuté partout dans le monde depuis le début du conflit russo-ukrainien, le géant américain comptant la Russie comme l’un de ses plus gros clients. En effet, Coca-Cola Hellenic Bottling Company (HBC), la seconde plus importante entreprise du conglomérat, installée en Suisse, comptait sur ses actifs russes pour couvrir son exposition dans 29 pays européens et africains.
Coca-Cola HBC est également majoritaire dans l’actionnariat de la filiale africaine. Ce qui signifie que, pour le conglomérat, tenter une IPO en Afrique du Sud lui ferait courir le risque d’un effet domino, potentiellement avec la perte de la succursale suisse, donc.
Coca-Cola se retrouve donc entre le marteau et l’enclume. Le processus de cotation en bourse ne peut désormais plus être stoppé. Démarré en février 2021, il devait durer, tout au plus, 18 mois. Il ne reste donc pour CCBA que quatre mois pour lancer son IPO ou tenter sa chance ailleurs. Tout dépassement du délai de l’offre privera Coca-Cola, selon les lois sud-africaines, de percevoir les 3 milliards de dollars estimés des revenus de son IPO.