Le Canal de Suez n’aurait touché que 400 des 950 millions de dollars réclamés, l’an dernier, après l’échouement de l’« Ever Given ».
L’histoire avait fait le tour du monde. Et pour cause, elle n’était pas banale : en juillet 2021, un porte-conteneurs avait bloqué le canal de Suez pendant une semaine et il avait fallu ensuite trois jours supplémentaires pour que le trafic reprenne. Deux mois après l’échouement de l’« Ever Given », l’Égypte avait tenté d’obtenir des indemnités conséquentes de la part du propriétaire du cargo.
Il faut dire que les conséquences économiques avaient été importantes. Tout d’abord, le blocage par l’« Ever Given » avait bloqué 400 autres navires et il avait fallu retirer plus de 30 000 mètres cubes de sable pour l’opération de sauvetage. De quoi faire perdre des millions : le canal de Suez représente 12 % du transport mondial de marchandises et le transport de marchandises via le canal de Suez représente 350 millions d’euros par heure, soit plus de 8 millions d’euros par jour.
L’Autorité du canal de Suez (SCA), qui gère le canal, avait décidé de réclamer 916 millions de dollars d’indemnisation au propriétaire du navire, avant de revenir sur sa décision et de ne demander « que » 500 millions de dollars. « Après que l’entreprise propriétaire du navire nous a informés que la valeur des marchandises transportées était de 750 millions de dollars, nous avons baissé le montant des dédommagements à 550 millions, par respect », avait indiqué l’amiral Ossama Rabie, patron de la SCA.
D’autres négociations en cours
Après cet épisode, des négociations ont eu lieu entre la SCA, épaulée par les autorités égyptiennes, et les trois compagnies d’assurance des différentes parties exploitant le porte-conteneur, toutes japonaises et représentées par Mitsui Sumitomo Insurance (MSI), suppléée par la UK P&I Club, une société britannique d’assurance. Une véritable bataille avait débuté.
Or, quatre mois après le blocage, un accord avait finalement été trouvé. Selon Africa Intelligence, l’Égypte a en effet « touché des dommages et intérêts au moment de la libération du porte-conteneurs, en juillet 2021 ». Mais on serait loin des sommes annoncées par la SCA. Le Caire, précise le journal, a préféré garder secret le montant des compensations. Mais ce dernier aurait été largement revu à la baisse, après des négociations tendues avec l’armateur japonais Shoei Kisen, propriétaire du navire.
Dans le détail, la SCA exigeait devant la cour économique d’Ismaïlia pas loin d’un milliard de dollars de la part de l’armateur : un tiers pour compenser les pertes de revenus, un tiers au titre des frais engagés pour renflouer le porte-conteneurs et le dernier tiers pour « atteinte à la réputation de l’ouvrage ». Or, ce ne sont finalement que 400 millions de dollars qui auraient été payés à la SCA.
Cependant, d’autres sommes pourraient être versée à l’avenir. Africa Intelligence parle d’une somme pouvant atteindre 2 milliards de dollars, qui serait toujours en négociation.