Le gouvernement ghanéen organise une procédure pour temporiser sa dette européenne, pour la sixième fois depuis un an. Le gouvernement de Nana Akufo-Addo lance une levée de fonds.
Le Ghana a émis 3 milliards de dollars de dette européenne en 2020, au bout de cinq reprises par des co-arrangeurs, la somme a atteint les 14 milliards de dollars selon Bloomberg.
Le ministère ghanéen des Finances a annoncé, le 9 mars dernier, une nouvelle opération sur les marchés financiers internationaux pour pouvoir boucler son budget 2021, déficitaire à plus de 8 % selon le Fonds monétaire international (FMI).
Pour ce nouveau réarrangement de la dette nationale, due à l’Europe principalement, le Ghana compte lever 5 milliards de dollars. Le ministre des Finances Ofori-Atta, à la suite d’une tournée aux Etats-Unis, lancera dès mardi une série de rencontres afin de tenter d’attirer les investisseurs.
Le nouvel accord sera dirigé par des groupes financiers américains et ghanéens. « L’un des principaux mandats des banques est de conseiller le gouvernement sur diverses structures et options de financement alternatives, en particulier pour l’euro-obligation, qui répondraient le mieux aux besoins de financement du Ghana », indique le ministre des Finances.
Des relations houleuses entre le Ghana et le FMI
Le Ghana s’était endetté l’année dernière afin de réaliser un programme de développement gouvernemental de grande envergure, ce qui explique l’appétit particulier des investisseurs pour les obligations ghanéennes.
Malgré une inflation hors du commun — la dette publique a plus que quadruplé et pèse aujourd’hui lourdement sur le PIB du Ghana —, le gouvernement ghanéen tente de rester droit dans ses bottes, accusant régulièrement le FMI d’ingérence.
Le Ghana avait quitté le programme d’aide du FMI en 2019, le président Nana Akufo-Addo ayant, lors de sa campagne présidentielle en 2017, expliqué que « le Ghana est au-delà de la charité ».
Pourtant, la dette publique ghanéenne, qui représentait 4,7 % de déficit pour 67 % de contrainte sur le PIB en 2018, a déjà dépassé les 8 % en cette fin de trimestre de 2021.
Néanmoins, le pays n’a pas cédé à la pression internationale, notamment de la part de la Banque centrale européenne, le Trésor public français, le FMI et l’ONU. Le Ghana a préféré s’endetter chez ses créanciers privés américains, britanniques, israéliens et plus récemment australiens, plutôt que s’engranger avec le reste des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
Toutefois, si on en croit le dernier classement du FMI, les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, et les pays africains francophones en général, s’en sortent mieux que le Ghana, le Mozambique, l’Angola, la Zambie et les cinq autres pays qui se sont endettés auprès des Etats-Unis ou de la Chine.