Le Bénin a tenté de prendre la présidence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et la présidence du Conseil des ministres. Mais l’OPA de Patrice Talon sur l’institution a échoué.
On le sait : Patrice Talon est en indélicatesse avec les institutions. Mais l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) n’est pas le Bénin et ses homologues ne sont pas près de laisser l’institution financière sous-régionale à Talon.
Depuis quelques mois, le président béninois tente de prendre la présidence de l’Uemoa. Comme pour chaque mandat, il s’agit d’une opération de lobbying importante. Et à première vue, aucun des homologues de Patrice Talon ne semblait réfractaire à l’idée de voir celui-ci devenir le président de l’Union économique et monétaire.
Sauf que le chef de l’État a été probablement un peu trop gourmand. Et s’est même senti pousser des ailes : ayant la certitude d’être désigné président, Patrice Talon aurait posé une condition. Il désirait que le poste de président du Conseil des ministres soit attribué à son ministre de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni. Le Bénin aurait ainsi hérité de la présidence de l’Uemoa et du Conseil des ministres.
Incompatibilité avec les textes
Jamais un pays n’a obtenu les deux postes. Et pour cause, cela est contraire aux règlements, ou tout du moins incompatible. Le Conseil des ministres de l’Union, indique le traité de l’Uemoa, « assure la mise en œuvre des orientations générales définies par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement ». Que le Bénin en prenne la présidence aurait donc donné trop de pouvoir à un seul pays.
Avant de statuer sur l’illégalité d’une telle double désignation, les présidents membres de l’Uemoa ont discuté de la condition émise par Patrice Talon. Seuls Alassane Ouattara, Macky Sall, président de l’Union africaine (UA), et Umaro Sissoco Embaló, président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), étaient présents à Abidjan, le 5 décembre dernier. Ils se sont réunis pour évoquer la situation.
Le Niger prend la présidence de l’Uemoa
Mais c’était au président de la Commission de l’Uemoa, le Sénégalais Abdoulaye Diop, de décider si oui ou non Patrice Talon pouvait demander la présidence de l’institution et du Conseil des ministres. La réponse a été négative. Le président ivoirien a longtemps étudié la proposition de son homologue béninois, allant jusqu’à demander à son vice-président, Tiémoko Meyliet Koné, d’étudier la question.
En réalité, la décision semblait déjà actée depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il avait même été question, pour contrecarrer les plans de Patrice Talon, de désigner le président togolais Faure Gnassingbé président de l’Uemoa et de nommer Adama Coulibaly, le ministre ivoirien de l’Économie et des Finances, à la tête du Conseil des ministres. C’est finalement Mohamed Bazoum qui hérite de la présidence de l’institution et le Togolais Sani Yaya qui a vu son mandat prolongé à la tête du Conseil des ministres.