S’il continue discrètement d’être consulté par les présidents qui veulent des conseils en termes de diplomatie, Nicolas Sarkozy a surtout fait de l’Afrique son nouveau terrain de jeu commercial.
Proche de certains chefs d’Etat africains, à l’instar d’Alassane Ouattara ou de Paul Kagamé, l’ancien président de la République française Nicolas Sarkozy continue d’être très actif sur le continent. D’un côté, il fait prospérer les différentes affaires des groupes qu’il représente. De l’autre, il fait l’entremetteur entre des leaders africains et Emmanuel Macron. Un double rôle que n’assume pas vraiment l’ex-président. En effet, alors que Nicolas Sarkozy est présent au Rwanda pour son anniversaire fin janvier, Jeune Afrique s’interroge sur les liens de plus en plus étroits entre le Qatar, dont l’ancien président français représente les intérêts, et le Rwanda. Contacté par le magazine, l’entourage de Sarkozy rétorque alors que la visite du Français n’a « aucune visée commerciale ».
On a pourtant plusieurs fois vu l’ex-chef de l’Etat français fouler le sol africain ces derniers mois pour des raisons professionnelles. Comme en décembre dernier, au moment de l’investiture d’Alassane Ouattara. Nicolas Sarkozy s’est cependant rendu en Côte d’Ivoire non pas pour représenter la France — Jean-Yves Le Drian était là pour remplacer Emmanuel Macron — mais parce qu’il est un ami proche du chef d’Etat ivoirien. Invité au même titre que Martin Bouygues, Nicolas Sarkozy était d’ailleurs accompagné de son fils Jean et de son beau-fils Aurélien. Avocat d’affaires et administrateur de plusieurs groupes, dont Accor, « Sarko » a certainement profité du moment pour consolider ses liens économiques avec Abidjan.
Outre ses postes d’administrateur dans des groupes français, Nicolas Sarkozy représente également les intérêts d’un autre pays : le Qatar. Sa proximité avec l’émir du Qatar, le Cheikh Tamin Ben Hamad Al-Thani, n’est un secret pour personne et Nicolas Sarkozy profite de chacun de ses voyages africains pour défendre les intérêts de son ami. Alassane Ouattara rêve notamment de renforcer les investissements du pays du Golfe. Son invitation amicale à son investiture n’a donc certainement pas été dénuée d’intérêt.
Côte d’Ivoire, Guinée, Togo et Rwanda
Le président ivoirien n’est pas le seul ami de Nicolas Sarkozy : depuis son passage à l’Elysée, l’ex-chef de l’Etat français a conservé son carnet d’adresses. Il a toujours un accès direct à des présidents africains, de Paul Kagame, le président rwandais, à Ali Bongo, le Gabonais. Idéal pour Accor qui voit en son réseau un véritable atout. Lagardère, Bolloré, Natixis, Chargeurs, Barrière ou encore Axian… Nombreux sont les groupes, industriels ou non, à avoir fait appel à lui. Et « Sarko » leur ouvre les portes dans de nombreux pays, de la Côte d’Ivoire à la Guinée, où il a négocié un retour d’Accor, en passant par le Togo où l’ancien président tente depuis plusieurs années de régler le différend qui oppose le petit état ouest-africain au groupe hôtelier.
Mais Nicolas Sarkozy a plusieurs cordes à son arc. Et quand il ne fait pas du business, c’est pour Emmanuel Macron qu’il œuvre en coulisse. Après avoir amorcé, en 2010, un réchauffement des relations entre Kigali et Paris, Nicolas Sarkozy aurait profité de son séjour au Rwanda pour servir de consultant au président français actuel. En 2017 déjà, Nicolas Sarkozy avait soufflé à Emmanuel Macron l’idée d’une reprise des relations franco-rwandaises. Depuis, Sarkozy est consulté de façon informelle par l’Elysée mais également par Paul Kagame.
Car si Nicolas Sarkozy a tenu à assurer Kagame des bonnes intentions d’Emmanuel Macron, c’est avant tout le business qui intéresse aujourd’hui l’avocat d’affaires. Et si, lors de ses visites successives chez le président rwandais, il a toujours un mot pour Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy n’en oublie pas la raison de ses voyages. Début 2018, il avait notamment rendu visite au chef de l’Etat rwandais avec Cyrille Bolloré, qui était président de Bolloré Transport & Logistics, dans le but de faire investir son ami dans le pays aux milles collines.