Alors que Simone Ehivet a longtemps influencé politiquement Laurent Gbagbo, la nouvelle compagne de l’ex-président semble, elle, jouer un rôle de plus en plus important.
L’une a passé une vie de combats politiques, et Laurent Gbagbo fut autant son époux que son compagnon de luttes. L’autre est restée longtemps dans l’ombre du président ivoirien, dont elle a longtemps été la « seconde épouse », avant de se lancer dans une opération diplomatique de réconciliation après le retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire.
Militante, Simone Ehivet l’a toujours été. Elle s’est engagée politiquement lorsqu’elle était jeune femme, dans les années 1960, avant de devenir syndicaliste. Mais c’est en 1972 qu’elle se range à gauche toute, lorsqu’elle intègre un groupe révolutionnaire clandestin, la cellule Lumumba. Un an plus tard, Simone Ehivet rencontre Laurent Gbagbo. Avec d’autres camarades, ils fondent en 1982 ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI). A l’époque, le multipartisme n’existe pas, et seul le PDCI de Félix Houphouët-Boigny a pignon sur rue. Mais après six ans de clandestinité, le mouvement marxiste-léniniste deviendra finalement un parti.
« Maman Simone » est aujourd’hui connue pour avoir été l’épouse de Laurent Gbagbo, à partir de 1989. Mais en Côte d’Ivoire, elle est également célèbre pour son engagement politique. Alors que son futur mari est en exil, Simone doit élever seule leurs deux filles. En 1990, quand Laurent Gbagbo vise, sans succès, la présidence de la République, Simone se concentre sur les législatives et les municipales, à Abobo. Sans plus de réussite. Mais le vent va rapidement tourner.
Le rôle de Simone dans l’élection présidentielle de 2000
Comme son mari, Simone Ehivet-Gbagbo sera passée à tabac et emprisonnée plusieurs fois par le régime en place, avec un Premier ministre alors nommé Alassane Ouattara. Cinq ans après avoir échoué aux législatives, Simone devient finalement députée et prend la présidence du groupe parlementaire FPI à l’Assemblée nationale. En 2000, après le coup d’Etat qui a chassé Henri Konan-Bédié du pouvoir, le couple Gbagbo fait campagne. Simone, catholique convaincue, ajoute alors une dimension religieuse au combat politique.
Devenue Première dame, Simone Ehivet-Gbagbo jouera un rôle clé. Surtout lors des crises politiques successives, et particulièrement celle de 2002. Forte de son passé de chargée de la formation politique des militants et des questions agricoles, la Première dame a une véritable assise sur le terrain et sait mobiliser les troupes. A l’époque, Simone a de l’influence, autant sur les bases du FPI que sur son mari. Après la défaite de 2010, elle va aller jusqu’à s’en prendre publiquement à la France et à l’ONU, alors que Laurent Gbagbo évitera les prises de parole. Après la crise post-électorale de 2011, elle sera arrêtée, puis condamnée avant d’être amnistiée par Alassane Ouattara.
Ce rôle politique, Simone Ehivet-Gbagbo ne l’a jamais quitté. Lors de la dernière campagne présidentielle, la co-fondatrice du FPI s’en était prise à Pascal Affi N’Guessan. Un temps pressentie pour se présenter, Simone n’avait jamais franchi le cap. Depuis le retour de son mari en Côte d’Ivoire, et malgré leur divorce, on prête toujours des ambitions politiques à l’ex-Première dame. Laurent Gbagbo a coupé court à ces dernières en annonçant quitter le FPI et créer un nouveau parti. Mais Simone Ehivet n’a pas dit son dernier mot.
Nady Bamba, la médiatrice entre Laurent Gbagbo et le pouvoir ?
Depuis qu’il est rentré de Belgique, Laurent Gbagbo a en tout cas multiplié les rencontres politiques. Libéré de l’influence de Simone, il peut désormais compter sur Nady Bamba. Depuis 2001 déjà, l’influence de Simone s’est amoindrie avec l’arrivée de Nady dans la vie de Laurent Gbagbo. Mais pour autant, Nadiana Bamba n’a jamais été véritablement active politiquement. Il aura fallu attendre 2021 pour voir l’ancienne journaliste sortir de l’ombre.
Selon Jeune Afrique, Nady Bamba a en effet joué le rôle de médiatrice, depuis le retour de Laurent Gbagbo, entre son mari et le pouvoir. Une médiation qui passe donc par elle et par le directeur exécutif du parti présidentiel, Adama Bictogo. Il y a quelques jours, Nady est allée rencontrer en personne le cadre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) pour lui transmettre un message de Laurent Gbagbo après la rencontre entre l’ancien président et son successeur. Nady Bamba aurait également des contacts réguliers avec la Première dame, Dominique Ouattara.
Outre des messages transmis au pouvoir sur la sincérité de Laurent Gbagbo quant à la réconciliation annoncée, Nady Bamba est également en charge de poser la première pierre des discussions sur le déblocage de l’indemnité de Laurent Gbagbo. On est loin de la virulence et de l’engagement de Simone Ehivet-Gbagbo. Mais si l’ex-chef de l’Etat a longtemps lutté en duo avec cette dernière, il est rentré apaisé, changé. Et Nady Bamba semble avoir enfilé le costume de diplomate pour aider son époux à recommencer une nouvelle vie.