Le président du Togo, Faure Gnassingbé, est au Mali où il tente de négocier la libération des soldats ivoiriens qui ont écopé de lourdes peines.
L’année débute comme elle a terminé, entre Abidjan et Bamako : détenus depuis près de six mois au Mali, les soldats ivoiriens ont été soumis à un procès très rapide qui a conduit à une peine très lourde : ils ont en effet été condamnés ce vendredi 30 décembre à 20 ans de réclusion criminelle.
Plusieurs sources proches du dossier estiment que la manœuvre malienne était décidée d’avance : laisser faire la justice dans un premier temps, puis faire intervenir le président de la transition, Assimi Goïta, dans un second. En effet, le principe juridique a été respecté coté malien, avec la tenue d’un procès. Les peines, au vu des accusations — « attentat et complot contre le gouvernement et atteinte à la sûreté extérieure de l’État » —, sont assez logiques. Puis un geste présidentiel devrait intervenir, pourquoi pas une grâce.
Un calendrier bien vu pour le Mali
C’est ce qui est en effet attendu. Cela permettrait à Assimi Goïta de sortir en héros de cette affaire, de se mettre dans la poche les instances sous-régionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), et de relancer des relations de coopération avec la Côte d’Ivoire.
Depuis ce mercredi, le médiateur dans ce dossier, le président togolais Faure Essozimna Gnassingbé, est à Bamako. Il doit notamment discuter de la suite des événements dans ce dossier. Après son passage au Mali, « FEG » se rendra à Abidjan, pour y rencontrer Alassane Ouattara. Le Togo envoie un vrai message en envoyant son président plutôt que son ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, habitué à discuter avec le président malien.
Le président togolais s’était déjà rendu à Abidjan en octobre dernier. Il avait alors participé à l’organisation d’un voyage d’une délégation ivoirienne au Mali. Le frère Ouattara avait alors pu discuter avec Assimi Goïta et même rencontrer les soldats encore détenus sur place. Il avait également signé un mémorandum d’entente entre les deux pays. Tout semblait alors se résoudre.
Vers un dénouement cette semaine ?
Finalement, le procès et les peines ont surpris Abidjan. Mais le chef de l’État du Togo ne semble pas inquiet outre-mesure, en arrivant au Mali. En effet, il sait qu’Assimi Goïta avait promis la libération des militaires et que sa position vis-à-vis de ses voisins devrait aboutir à la tenue de cette promesse, même s’il était question d’une libération avant fin 2022.
La Cedeao, qui suit de près le dossier, attend certainement que Faure Gnassingbé lance sa dernière cartouche avant de s’exprimer, voire de sanctionner le Mali. Côte ivoirien, on oscille entre les doutes et l’espoir que ses soldats soient libérés dans les cinq prochains jours. Ce qui sera une victoire pour les trois pays engagés : la Côte d’Ivoire, qui retrouvera les siens, le Mali, qui aura montré sa volonté de ne pas se mettre ses voisins à dos, et le Togo, qui aura été le principal pays médiateur dans ce dossier.