Le président du Sénat a refusé d’assurer l’intérim en tant que président de la République malgache, a annoncé Andry Rajoelina, qui a donc offert son poste, le temps de quelques semaines, à son Premier ministre.
Il s’appelle Herimanana Razafimahefa. Et, en tant que président du Sénat, il aurait dû devenir président de la République malgache par intérim, le temps de la campagne présidentielle. Mais Razafimahefa a finalement décidé de ne pas accepter cette fonction, et c’est le Premier ministre malgache qui sera donc président par intérim. De quoi contrarier l’opposition. L’ancien président et candidat à la présidentielle, Marc Ravalomanana, s’est emporté hier, dénonçant « un coup d’État institutionnel ». Avec, en trame de fond, une question : pourquoi le président du Sénat s’est-il dit incapable d’assurer l’intérim ?
C’est en effet une situation qui interpelle le parti Tsara Tahafina. « Le président du Sénat s’est déjà prononcé par deux fois il y a quelques jours, pour dire qu’il était prêt à prendre ses responsabilités. Or il se déclare subitement incapable d’assumer cette responsabilité dont il était informé à quelques heures de la démission du Président de la République ? », questionne Éléonore Johasy, coordinatrice nationale du parti d’opposition.
Andry Rajoelina est-il à la manœuvre ? C’est en tout cas l’avis de ses détracteurs. Ce lundi 11 septembre, le président sortant s’est félicité du refus de Razafimahefa d’assurer l’intérim. « Le président du Sénat a pris une sage décision en renonçant à cette fonction », a-t-il expliqué, en se montrant ravi que son Premier ministre, Christian Ntsay, prenne la succession. En effet, « il est tout à fait logique et normal que le Premier ministre assume l’intérim », assure Rajoelina qui affirme par ailleurs que Razafimahefa a pris une décision de façon volontaire, et logique étant donné que ce dernier « n’est pas au courant des dossiers traités auparavant ».
C’est désormais la question de la légalité de la décision qui agite le débat. « On est dans une interprétation trop facile des textes constitutionnels dans le sens où normalement ce devrait être le président du Sénat qui assure l’intérim », peste-t-on du côté de Tsara Tahafina. Pas du tout, estime le président sortant : « Ce n’est pas un coup d’État institutionnel car il s’agit d’une initiative conforme à la Constitution », affirme Andry Rajoelina.
L’opposition estime que le Premier ministre jouera la partition dictée par le président. « Ce gouvernement va-t-il vraiment garantir la neutralité de l’administration pendant tout le processus électoral ? Va-t-il garantir l’égalité de chances entre tous les candidats ? On se pose la question. On ne va pas cesser d’interpeller le gouvernement et la communauté internationale par rapport à ces inquiétudes », indique le clan Hery Rajaonarimampianina, ancien président et candidat.