Le décès de Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo, ancien Premier ministre et figure de l’opposition togolaise, suscite l’émoi et la réflexion quant à son héritage politique.
Homme aux multiples facettes, Kodjo a marqué l’histoire politique du Togo par son engagement et ses convictions. Retour sur le parcours d’un leader charismatique, décédé en exil à l’âge de 70 ans, deux mois après son mentor, Mgr Phillipe Fanoko Kpodzro.
Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo, connu pour sa grande silhouette et sa voix rauque, a débuté sa carrière politique alors qu’il n’avait pas encore 40 ans. Dans les années 80, il est nommé ministre pour la première fois, un moment charnière dans l’histoire du Togo.
Après la conférence nationale souveraine, Kodjo a gravi les échelons rapidement, occupant des postes ministériels importants tels que ministre de la Sécurité et directeur du port autonome de Lomé. Son parcours politique l’a également conduit à la présidence de l’Assemblée nationale et au poste de Premier ministre, avant de tomber en disgrâce pour avoir demandé des réformes au sein du Rassemblement du peuple togolais (RPT) dirigé par le président Gnassingbé Eyadema.
En 2002, Agbéyomé Kodjo quitte le Togo pour la première fois en raison de ses divergences avec le régime en place. Il revient au pays en 2005 après la mort du président Eyadema, et fonde son propre parti politique en 2008. Malgré ses efforts pour instaurer le changement démocratique, Kodjo est contraint de reprendre le chemin de l’exil à plusieurs reprises, notamment après la présidentielle contestée de 2020.
En 2020, Agbéyomé Kodjo forme une coalition avec plusieurs partis politiques et organisations de la société civile, soutenue par Mgr Phillipe Fanoko Kpodzro, pour participer à l’élection présidentielle. Bien qu’il arrive deuxième derrière Faure Gnassingbé avec près de 20% des voix, Kodjo conteste les résultats et estime avoir remporté le scrutin, ce qui le conduit à reprendre le chemin de l’exil.
C’est en exil que Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo s’éteint, victime d’un malaise, seulement deux mois après le décès de son mentor, Mgr Phillipe Fanoko Kpodzro. Son décès laisse un vide dans le paysage politique togolais et ravive les débats sur la démocratie et les droits de l’homme dans le pays. Son héritage politique, marqué par son engagement en faveur du changement et de la démocratie, restera gravé dans l’histoire du Togo.
En juillet 2022, Kodjo s’était exprimé dans Le Journal de l’Afrique. Il disait une nouvelle fois avoir remporté l’élection présidentielle et expliquait que « l’exil n’est pas facile et vivre loin de sa terre est une souffrance ».