A Paris, le fils de Khalifa Haftar tente de nouer des liens avec le Premier ministre Dbaiba. Pour quelles raisons et avec quels arguments ?
Novembre 2021. Alors que l’Elysée et le Quai d’Orsay organisaient la « Conférence de Paris sur la Libye », à six semaines des élections qui étaient alors prévues le 24 décembre, un homme avait défrayé la chronique : le fils de Khalifa Haftar, Belkacem Haftar, était arrivé en jet privé pour participer à ce qui devait être, de la part de Paris, une opération internationale de ralliement derrière le maréchal en vue de l’élection. Finalement, le fils du militaire avait dû reprendre son avion et rebrousser chemin, Saïf al-Islam Kadhafi s’étant invité sur la liste des potentiels candidats.
Près de cinq mois plus tard, le fils de Khalifa Haftar est de nouveau régulièrement à Paris. Mais pas question pour lui de s’adonner au tourisme. Belkacem Haftar est en effet dans la capitale française pour une bonne raison : jouer les entremetteurs entre son père et Abdel Hamid Dbaiba.
Un véritable jeu des chaises musicales. Alors que les deux Premiers ministres Abdel Hamid Dbeibah et Fathi Bachagha sont à couteaux tirés, Bachagha a récemment annoncé s’être allié avec l’ex-chef du Conseil présidentiel Ahmed Miitig et avec… le maréchal Khalifa Haftar.
Or, selon Africa Intelligence, Belkacem Haftar multiplie actuellement les rencontres avec « les premiers lieutenants du clan rival d’Abdel Hamid Dbaiba ». Des négociations secrètes qui pourraient déboucher sur une résolution de crise qui consisterait en un départ de Dbaiba de la primature. Mais de quoi pourrait bénéficier le Premier ministre en échange d’un départ ?
Les conséquences du conflit russo-ukrainien
Car on le sait, Dbaiba refuse de céder sa place à Fathi Bachagha, désigné en février dernier. Le fils Haftar doit donc, forcément, avoir quelques arguments pour tenter de convaincre Ibrahim Dbaiba, le plus proche conseiller du Premier ministre qui refuse de lâcher son poste, ou encore la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, qu’il a rencontrés en mars dernier.
Cependant, assure Africa Intelligence, les pourparlers n’ont, jusqu’à aujourd’hui, débouché sur aucun accord de principe. Mais Haftar fils ne compte pas en rester là. Toujours à Paris, il prévoit de convoquer d’autres proches de Dbaiba.
Selon le journal français, Belkacem Haftar compte également tenter de passer par Ankara. La Turquie a soutenu Dbaiba et son gouvernement, et pourrait donc être d’une grande aide pour le clan Haftar. Le fils du maréchal aurait ainsi rencontré Hakan Fidan, patron du renseignement turc, avec des représentants de Fathi Bachagha.
Si l’on ne sait toujours pas quelle sera l’issue des discussions, une chose est certaine : pour Haftar, le temps presse. Le conflit en Ukraine n’a pas aidé le maréchal, qui bénéficiait d’un soutien russe de taille. Or, cela risque bien de le fragiliser vis-à-vis de l’Europe et des Etats-Unis, qui multiplient les sanctions contre les Russes. Sans Wagner ou même sans l’armement moscovite, Haftar pourrait être fragilisé. Il a aujourd’hui absolument besoin d’une alliance de poids, stable et qui résiste au temps.