Dans le cadre de la semaine de l’action antiraciste, du 22 au 27 mars, une initiative a été lancée par les ONG italiennes. Une première, qui regroupe les 6 plus grandes associations et plusieurs activistes panafricains.
L’initiative « Champs », annoncée aujourd’hui par Amref Health Africa et promue par plusieurs ONG italiennes, européennes et des intellectuels africains, vise à dénoncer des comportements hostiles envers les Africains en Europe.
Dans le cadre de la 17e Semaine d’action contre le racisme, du 22 au 27 mars, le projet Champs (Champions des droits de l’homme et modèle communautaire contre l’afrophobie et les stéréotypes) démarre, visant à déconstruire les attitudes et les langages discriminatoires envers les personnes d’origine africaine, en renforçant le rôle des associations africaines et en augmentant la connaissance et la prise de conscience des dynamiques qui génèrent les comportements haineux envers les Africains en Europe.
Le chef de projet est Amref Health Africa, la plus grande organisation de santé à but non lucratif opérant en Afrique subsaharienne, fondée en 1957 au Kenya, à Nairobi. Mais l’initiative, soutenue par l’Union européenne, voit également l’implication active d’une série de partenaires dont CSVnet et le CSV regionale delle Marche (CSVrm), ainsi que Arising Africans, Carta di Roma, Divercity APS, Le Réseau, l’observatoire Pavia et Razzismo Brutta Storia.
Pourquoi l’Italie ?
Selon le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), l’une des priorités de la diaspora africaine est d’en finir avec la discrimination et les discours haineux qu’on voit partout, des terrains de football aux discours des politiciens. En Italie, les chefs des deux principaux partis de la coalition gouvernementale, Matteo Salvini et Giorgia Meloni, ne rechignent pas à violer les droits humains et les accords internationaux pour malmener les immigrés africains. Des bateaux ont été bloqués à l’entrée des ports italiens à nombreuses reprises, le rapatriement se fait dans des conditions abominables, sans parler de la multiplication des discours de haine.
En l’occurrence, aucune loi en vigueur en Italie n’empêche les citoyens d’appeler les immigrés « vucumpra », en référence aux vendeurs ambulants qui sont majoritairement nord-africains, ou même « maroon » désignant les africains de peau noire ou métisse avec cette appellation qui désignait les esclaves noirs des Amériques, à l’époque.
En Italie, il y a souvent des représentations négatives des Afro-descendants dans les médias, les programmes scolaires et le matériel pédagogique. On constate aussi l’absence d’images positives et consolidées des Africains : « l’Italien noir » est un archétype qui peine à être accepté et à devenir normal. La nièce de Mussolini était sénatrice italienne, et députée européenne.
Parmi les 15 millions d’immigrés africains en Europe, 6 millions sont installés en Italie. Le sentiment xénophobe général en Italie serait dû à la médiatisation de la crise d’immigration et des réfugiés africains, selon un sondage français réalisé par Ipsos.
Le rôle de l’initiative
L’enquête Ipsos souligne comment les stéréotypes, la stigmatisation et les messages anti-migrants, en particulier envers les afro-descendants, sont liés à un faible niveau de connaissance sur l’Afrique ainsi qu’à des informations déformées ou partielles, souvent soutenues par les médias et les politiques.
Au cours de la semaine d’activisme contre le racisme, l’Amref et l’ensemble des partenaires ont lancé le travail de « Champs », en adoptant trois actions clés qui, selon l’UNFPA, sont fondamentales pour renforcer le partenariat entre les ONG investies et leur capacité d’action en Europe comme en Afrique.
Le comité de l’initiative Champs travaillera à faire voter une loi contre les discriminations dans le droit Italien, ainsi qu’à accélérer le processus d’octroi du statut de réfugié pour les concernés. L’initiative vise aussi une série de récolte de fonds destinés à l’investissement pour les pays africains les plus exportateurs d’immigrés en Europe, en l’occurrence le Nigéria et l’Erythrée. Le projet recevra une aide financière et logistique de la part de l’UNFPA et de l’UE selon Amref Health Africa.