L’Espagne et le Maroc évoquent à nouveau la construction d’un tunnel entre les deux pays, qui passerait sous le détroit de Gibraltar. Un projet évoqué depuis la fin des années 1970…
Il ne devrait pas voir le jour avant 2050. Mais le projet de tunnel entre l’Espagne et le Maroc est toujours d’actualité. Même en pleine brouille, Madrid et Rabat avaient poursuivi leurs discussions à propos du tunnel de Gibraltar, un projet qui date de plusieurs décennies mais qui, après 2009, était resté en pause jusqu’au milieu de l’année 2021. Alors en froid, gouvernements espagnols et marocains avaient participé à une réunion virtuelle pour évoquer le méga-projet.
Après s’être prononcée en faveur du plan de paix marocain pour le Sahara occidental, l’Espagne s’est à nouveau attiré les faveurs du Maroc. Au début du mois de février a eu lieu une réunion bilatérale de haut niveau à Rabat, lors de laquelle les deux gouvernements ont à nouveau évoqué la construction du tunnel de Gibraltar. De quoi relancer, comme à chaque fois, l’espoir que le projet voie enfin le jour dans les trois décennies à venir.
Comme pour le Tunnel sous la Manche, celui qui traverserait le détroit de Gibraltar serait certes symbolique, reliant deux territoires séparés par une mer. Mais ce serait surtout une sacrée opportunité économique : chaque année, s’il voyait le jour, le tunnel entre l’Espagne et le Maroc permettrait en effet de faire transiter 13 millions de tonnes de marchandises et 12 millions de passagers.
C’est en 1979 que l’idée du tunnel entre les deux pays a vu le jour. Les rois Hassan II et Juan Carlos Ier espéraient alors révolutionner les échanges entre les deux pays. Mais à l’époque, difficile d’imaginer comment construire un tel édifice qui plongeait à 475 mètres sous le niveau de la mer. À la fin des années 1990, un comité d’experts avait tracé les grandes lignes du projet, avec la construction de trois tunnels de Malabata, dans la baie de Tanger, à Punta Paloma, dans la région de Tarifa.
Un ouvrage long de 38,5 kilomètres, dont 28 qui seraient creusés sous la mer. Actuellement, plusieurs centaines de milliers d’euros ont été déboursés pour réaliser des études. Mais le ministère espagnol des Transports veut y croire et donner « un coup d’accélérateur aux études » de faisabilité pour voir un jour le tunnel sortir de terre. Reste désormais à savoir si l’objectif de construire l’édifice à l’horizon 2050 est tenable ou non. Les études répondront, ces prochains mois, à cette question…