Jeudi, deux localités dans le nord du Togo ont essuyé des attaques terroristes meurtrières. Les attentats ont eu lieu quelques heures après l’aveu, de la part des militaires, d’une bavure qui a causé la mort de sept adolescents le 9 juillet dernier.
Toujours pas de bilan officiel pour la dernière, et troisième attaque terroriste confirmée dans le nord du Togo. Les attentats ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, dans les localités de Blamonga et Kpemboli, très proches du chef-lieu de la région des Savanes, Dapaong.
Les médias locaux parlent d’un blackout dans la communication officielle. Selon certaines autres sources, il y aurait eu d’autres attaques simultanées. Le bilan des pertes s’élève à une trentaine de civils. Pour l’instant, les deux attaques confirmées ont provoqué au moins 10 décès. Parmi ces derniers, un chef de village et son conseil qui ont été égorgés à Kpemboli, ainsi qu’un présumé indicateur des forces de l’ordre qui a été enlevé puis exécuté.
Dans un communiqué, les Forces armées togolaises (FAT) affirment avoir convergé sur les lieux et repoussé ces attaques d’« individus armés non identifiés ». Mais en définitive, comme l’attaque de mai dernier, les militaires n’ont toujours pas identifié le groupe armé terroriste responsable de la recrudescence du terrorisme au Togo. Cette fois d’ailleurs, les assaillants n’ont même pas subi de pertes.
Le président du Togo Faure Gnassingbé s’est déplacé dans le nord du pays, promettant de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité de la région. Quant aux forces armées, elles ont appelé les Togolais à « ne pas céder à la panique ». Difficile cependant, pour les populations locales, d’accepter la situation.
Une bavure au mauvais moment pour les forces armées
Reste que les FAT souffrent d’une crise de crédibilité. L’explosion du 9 juillet, qui a provoqué la mort de 7 jeunes, était finalement une bavure. Et non un attentat terroriste comme initialement indiqué.
Dans un communiqué, l’armée togolaise a en effet révélé que cette explosion n’était pas du fait d’un groupe terroriste mais bien d’un bombardement. « Cette tragédie s’est produite dans un contexte de rapports de renseignement cohérents faisant état de menaces d’infiltration par des gangs armés avec l’intention de mener des attaques terroristes contre des localités du nord du Togo », assure l’armée togolaise.
Qui poursuit : « Un avion en patrouille de nuit a visé par erreur un groupe de personnes qu’il a pris pour une colonne de djihadistes en mouvement ». Le communiqué des FAT n’a pas précisé l’emplacement de l’attaque.
Lire : Adolescents morts : le Togo toujours sous la menace terroriste ?
La société civile a été partagée à propos de ces aveux des FAT. Certains militants, comme le chef de Journalistes en Mission pour le Développement (JMD), ont salué les excuses de l’armée. L’essayiste Farida Nabourema, elle, a condamné ce qu’elle a qualifié d’« exécutions d’enfants ».
Quand les militaires du dictateur sanguinaire @FEGnassingbe exécutent des enfants âgés de 9 à 15 ans sous prétexte qu’ils pensaient que c’était des terroristes, peuvent-ils nous dire comment ils identifient un terroriste? À quoi ressemble un terroriste? #Togo
— Farida Bemba Nabourema (@Farida_N) July 14, 2022
Mieux communiquer sur le terrorisme ?
Cette bavure des militaires n’a même pas été digérée par les populations du nord du Togo que les attaques de jeudi dernier, plus ciblées et symboliques, ont eu lieu. Selon un habitant de la région, il s’agit d’« une attaque ciblée contre certaines personnes, et les armes pour assouvir ce dessein funeste sont des armes blanches. S’agit-il d’un message ? ».
Le média iciLomé a, quant à lui, préconisé une explication claire de ce qu’est l’état d’urgence. Non seulement cela aiderait à éviter un autre bombardement par erreur de civils, mais cela rendrait surtout l’opération antiterroriste dans la région plus efficace.
Le journaliste Adjogblé Haka prévient que le moral des troupes togolaises est touché. Il rappelle, en effet, les désertions massives essuyées par les forces armées du Burkina Faso en 2018 et craint que cela se propage au Togo.
Le président Faure Gnassingbé a personnellement présenté ses condoléances aux familles des morts des attentats de jeudi et du bombardement du 9 juillet. Il a déclaré : « En ces moments d’affliction, je réaffirme ma détermination à lutter contre le terrorisme, afin de protéger nos populations et garantir la paix et la quiétude sur toute l’étendue du territoire ».
Des familles togolaises ont perdu des enfants et des parents dans les tragiques événements survenus ces derniers jours au nord du Togo, précisément le Tône et le Kpendjal.
Sur les lieux de ces drames, où je me suis rendu aujourd’hui, et auprès des communautés et familles…
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— Faure E. Gnassingbe (@FEGnassingbe) July 15, 2022