Les paramilitaires des Rapid Support Forces du général Dogolo se sont positionnés à Khartoum et dans plusieurs villes du Soudan. De quoi craindre des affrontements entre ces milices et l’armée régulière ?
L’embrasement est-il inévitable au Soudan ? Alors que le pouvoir militaire est toujours confronté à une grogne populaire, les Soudanais réclamant le retour des civils au gouvernement et le retrait des militaires et du président du Conseil de souveraineté de transition, le général al-Burhane, la mésentente entre ce dernier et son vice-président, Mohamed Hamdan Dogolo, fait craindre une escalade.
Depuis plusieurs mois, la non-signature d’un accord a retardé la transition. La faute à un point important sur lequel Mohamed Hamdan Dogolo, alias « Hemeti », et al-Burhane sont en désaccord : l’intégration des Rapid Support Forces à l’armée régulière. Le numéro 2 du Conseil de souveraineté de transition de la République du Soudan souhaite en effet une armée unifiée, avec l’intégration de ses troupes.
Le statu quo a cependant évolué : ces dernières heures, les paramilitaires de Hemeti ont en effet pris position dans les rues de Khartoum et dans plusieurs autres villes du Soudan. L’armée soudanaise y voit une déclaration de guerre et juge cet acte comme « un tournant dangereux et historique ». Elle y voit une « augmentation des risques sécuritaires ».
Mais que signifie exactement ce déploiement, qui a été fait, indique l’armée, « sans approbation ni coordination avec le commandement ». L’armée y voit une tentative d’insurrection et a, de facto, encerclé les miliciens et demandé leur évacuation.
Officiellement, les forces paramilitaires sont déployées pour aider le pays à lutter contre le trafic d’êtres humains, contre l’immigration illégale et contre le trafic de drogue. Mais le commandement de l’armée n’est pas dupe et sait qu’il s’agit là, certainement, d’une manœuvre d’intimidation lancée par Hemeti.
Ce dernier met al-Burhane au pied du mur : le président du Conseil de souveraineté de transition n’a désormais plus le choix s’il veut éviter l’embrasement : il doit accepter que les RSF soient intégrées à l’armée régulière. Sans une telle décision, l’instabilité risque de régner ces prochaines semaines.
Alors que Dogolo réclame une place au sein de l’état-major de l’armée, que fera le clan al-Burhane ? Si le statu quo demeure, le Soudan restera isolé, la communauté internationale refusant d’aider le pays si l’accord de transition n’est pas rapidement signé. Mais accéder à la demande de Hemeti serait un aveu d’échec pour al-Burhane.