Le président et le Premier ministre maliens ont officiellement démissionné mercredi, deux jours après leur arrestation. Le nouveau président de la Transition, Assimi Goïta, pourra-t-il faire face aux menaces internationales ?
Moctar Ouane et Bah N’Daw ont présenté leur lettre de démission ce mercredi 26 mai. Par conséquent, Assimi Goïta est devenu président de la Transition de la République du Mali. Or, il semblerait que la quasi-totalité des pays s’opposent encore aux évènements en cours au Mali. Dans un communiqué, les Nations-Unies, la Cédéao, l’Union africaine (UA), la Minusma et l’Union européenne (UE) réclament le retour de N’Daw et de Ouane au pouvoir.
Le communiqué conjoint a été publié hier en fin d’après-midi. Plus d’une heure après la démission du président. Le point de non-retour était donc déjà dépassé. La délégation de la Cédéao a alors rencontré le président démis après ces évènements. Selon un membre de la délégation, conduite par l’ex-président nigérian Goodluck Johnathan, l’objectif immédiat serait de négocier la libération des responsables arrêtés. Pour l’ONU, les « éléments militaires » responsables de la détention sont aussi « personnellement responsables » de la sécurité de N’Daw et Ouane.
Donc, même si El-Ghassim Wane (Minusma) et Goodluck Johnathan arrivent à faire libérer l’ex-président et son Premier ministre, ils ne reprendraient pas leurs postes pour autant. Qu’espère la communauté nationale obtenir avec ses menaces ?
Mali : le Conseil de sécurité condamne fermement l’arrestation des dirigeants civils de la transition https://t.co/FuoFxklhMX
— MINUSMA (@UN_MINUSMA) May 26, 2021
Qui se tiendra aux côtés de la junte ?
Du côté d’Assimi Goïta, le nouveau président par intérim, il s’agirait surtout d’éviter l’immixtion étrangère dans les affaires maliennes. Cependant, il a déclaré qu’il continuerait à appliquer la charte de transition. Pour ce faire, il a fait appel aux représentants des partis politiques et de la société civile. Le mouvement d’opposition M5-RFP a discuté hier avec des membres du gouvernement proches de Goïta. A savoir Abdoulaye Maïga, le ministre d’Administration territoriale et de la Décentralisation, et le colonel Sadio Camara. La délégation du M5 était composée de Mountaga Tall, président du CNID, Ibrahim Kassa Maïga et Choguel Maïga, le porte-parole du M5-RFP.
Il s’agirait sans doute des premières discussions sur la formation d’un nouveau gouvernement. Selon des sources proches du dossier, Choguel Maïga serait le favori pour la primature du prochain gouvernement de transition.
Si Moctar Ouane était un diplomate, Choguel Maïga est un homme sans concessions. Deux raisons expliqueraient ce choix de Premier ministre d’Assimi Goïta. Premièrement, la junte n’a pas de doutes sur les allégeances de Maïga. C’est un diplômé de l’ex-URSS, qui s’était autant opposé à IBK qu’aux auteurs du coup d’Etat de 2020, dont Goïta. Ce qui reviendrait à dire qu’il ne pourrait se montrer complaisant, ni avec la junte ni avec la France et ses alliés.
Ce serait ce point qui intéresserait Goïta. Le colonel était très critiqué par la France avant les évènements du lundi. En raison de ses critiques de l’interventionnisme français dans les affaires souveraines du Mali. Et sur cette ligne, toutes les parties prenantes maliennes semblent d’accord. Un bras de fer opposera donc Goïta, probablement avec Maïga à ses côtés, à l’Occident, probablement épaulé par plusieurs Etats africains et les instances internationales. C’est un affrontement difficile que la junte au pouvoir a déjà perdu sur le plan médiatique.