L’ancien président de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo foule le sol de son pays pour la première fois depuis une décennie, aujourd’hui. Entre les appels de « réconciliation nationale » et les partisans enthousiastes, comment se passera la journée ?
Après dix ans d’absence, depuis son enlèvement par les milices d’Alassane Ouattara et les commandos français, Gbagbo retourne en Côte d’Ivoire. Les partisans de l’ancien président ont fait monter la température ces dernières semaines. En multipliant les meetings et en accrochant des affiches. Le gouvernement et les proches de Laurent Gbagbo parlent de « réconciliation nationale ». Les militants du Front populaire ivoirien-Gbagbo ou Rien (FPI-GOR), eux, sont beaucoup plus excités.
En effet, on observe partout sur les réseaux sociaux et dans la presse de l’opposition de longues tribunes sur le retour de Gbagbo au pouvoir. Toutefois, le gouvernement de Patrick Achi préconise le calme. Les plus proches de Gbagbo, à l’exception d’Assoa Adou, partagent les recommandations de l’Etat.
On aurait pu s’attendre au contraire. Un retour « triomphal » de Gbagbo est sur toutes les langues depuis son acquittement par la CPI. Et depuis le début du troisième mandat inconstitutionnel d’Alassane Ouattara, le pays est dans la crise. L’empêchement de Gbagbo de participer à l’élection de 2020 était un étendard de mobilisation. Pour beaucoup d’ivoiriens, Gbagbo reste le président légitime de la Côte d’Ivoire, en 2011, et encore plus aujourd’hui.
En effet, la politique de suivisme de Ouattara et l’accumulation des problèmes sur tous les fronts ont fait dégringoler la popularité du chef d’Etat. Du côté de Gbagbo, l’injustice à son égard l’a fait passer d’un énième politicien à un héros aux yeux de ses partisans.
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Gbagbo a ses propres projets, quelle serait la réaction de Ouattara ?
Laurent Gbagbo se dresse alors comme il était dans les années 2000. Comme le chef de la gauche ivoirienne, avec une étiquette d’anti-impérialiste de surcroît. Son retour aujourd’hui en Côte d’Ivoire est considéré comme un test pour le pays, et comme un espoir pour le FPI-GOR. L’ancien président atterrit donc ce 17 juin à Abidjan, en compagnie de son ancien ministre Charles Blé Goudé.
Toutefois, l’Etat a prévu une simple mesure pour museler les deux opposants. Si d’un côté, l’essor de l’affaire ivoirienne de Gbagbo est encore insoluble. D’un autre côté, Blé Goudé est sous la menace d’être impliqué dans le procès de Guillaume Soro, l’ancien Premier ministre. Cela, ainsi que la longue absence de Gbagbo de la vie politique, devraient garantir « sa conduite chez lui de manière tranquille », comme le gouvernement aime répéter.
Pour Gbagbo, le programme est bien différent. Il sera reçu au pavillon présidentiel par ses militants et des représentants du gouvernement. Ensuite, il visitera le siège du FPI, qui est réouvert à l’occasion. Puis, il visitera sa région natale dans l’Ouest et sera de retour à Abidjan pendant le weekend. « Il n’est pas exclu qu’il soit reçu par le président Ouattara, en audience », précise une source de la BBC.
Le gouvernement surveillera les faits et gestes de Laurent Gbagbo, toutefois. Plusieurs personnes s’attendent à ce que lui, le président Ouattara et le président du PDCI, Henri Konan Bédié (HKB), s’assoient ensemble au moins une fois. Mais cette décision est encore loin d’être prise. Et elle signifierait, sans doute, une victoire politique d’Alassane Ouattara. Ce que le FPI-GOR considérerait comme une énième défaite, alors que le parti n’est toujours pas complètement fonctionnel. Dossier à suivre.
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