Des fonds de l’Unicef, destinés à combattre l’analphabétisme et la déscolarisation en Afrique, ont disparu en 2011. Ils avaient été détournés en Italie. La famille de l’ex-Premier ministre italien Matteo Renzi répondra de ces chefs d’accusations devant la justice italienne.
Andrea Conticini et ses frères, Alessandro et Luca, devront répondre de l’accusation de détournement de 6,6 millions d’euros. La somme fait partie de 300 millions versés par l’Unicef à la Fondazione Pulitzer.
Les frères Conticini, dont l’un est le beau frère du précédent dirigeant italien Matteo Renzi, sont à la tête de la Fondazione Pulitzer. Après un procès de neuf ans, ils feront face à la justice pour détournement de fonds. Les fonds en question étaient destinés à construire des écoles rurales, notamment au Burkina Faso, en Érythrée, au Burundi et à Sierra Leone.
Une enquête de plusieurs années
L’affaire est aussi compliquée et interminable que le chemin parcours par l’argent détourné par les accusés. C’est à New York en 2010 que tout débute. L’Unicef et Operation Usa font alors un don de 300 millions d’euros à plusieurs ONG en Europe, à travers Play Therapy ltd et la Banque mondiale. L’une de ces ONG, la Fondazione Pulitzer, avait à l’époque reçu 11 millions d’euros.
Monika Jephcott, directrice de Play Therapy ltd, avait signalé à la Banque d’Italie ses doutes sur des transactions bancaires étranges relatives à la Fondazione Pulitzer. Les comptes de l’association avaient en effet viré 2 millions d’euros à une agence immobilière portugaise, 798 000 euros à une société basée à Guernesey et 294 000 euros à deux sociétés italiennes, entre autres.
Il s’est avéré après une enquête conduite dans 17 pays différents que ce sont les gestionnaires de l’association Fondazione Pulitzer, les frères Conticini, qui avaient monté une arnaque durant les dix dernières années. Ils ont acheté des biens immobiliers au nom de l’association pour les revendre ensuite en leurs noms propres, en tant que gestionnaires de la société également au conseil de direction de Fondazione Pulitzer, Rignano sull’Arno, dont ils sont aussi employés.
D’autres détournements en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne
Le parquet de Florence a donc décidé, après dix ans d’enquête, de poursuivre les frères Conticini pour détournement de fonds et blanchiment d’argent concernant les 6,6 millions d’euros qui ont disparu des comptes de l’association.
Selon une source du Journal de l’Afrique, l’enquête devrait aussi devenir internationale dans les prochaines semaines et toucher d’autres présidents de 19 associations françaises, britanniques, espagnoles et allemandes. « Parmi les 300 millions des dons de 2011 canalisés par Play Therapy et la Banque mondiale, seule une vingtaine a crédité les comptes d’Unicef en Afrique de l’Ouest et du Centre ». Une source qui exprime également ses doutes sur une éventuelle implication du gouvernement de Matteo Renzi, le beau-frère des inculpés. La première audience du procès aura lieu le 8 juin.
Les 300 millions d’euros, dont une partie a été détournée, étaient prévus pour le premier financement d’un projet de la Banque mondiale et de l’Unicef en Afrique. Les investisseurs comptaient lever jusqu’à 860 millions de dollars en tout pour construire 243 écoles au Mozambique, au Burkina Faso, en Érythrée, au Burundi et en Sierra Leone.