Avec le gazoduc Transmed et grâce à des accords entre Alger et Tunis, l’Algérie fournit à la Tunisie du gaz naturel à bas prix. Un cadeau indispensable en temps de crise.
Il y a tout juste un an, la rumeur était devenue très persistante : alors que le président tunisien Kaïs Saïed s’isolait de plus en plus au niveau régional, Alger voulait tenter de profiter de la situation pour réduire ses exportations de gaz vers Tunis. La nouvelle avait affolé les experts économiques du pays. Car la Tunisie est dépendante à hauteur de 70 % de ses besoins en gaz naturel de l’Algérie. La ministre tunisienne de l’Industrie et de l’Énergie avait même dû prendre la parole pour assurer qu’Alger ne couperait pas le gaz en direction de Tunis, ni n’augmenterait ses prix.
Ces derniers jours, une autre rumeur a fait son apparition. Cette fois, c’est Echaab News, le média de la très puissante centrale syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a écrit que « la compagnie algérienne des hydrocarbures, Sonatrach, aurait exigé le remboursement de la facture de gaz de la Tunisie, estimée à 400 millions de dinars ». Soit près de 120 millions d’euros.
Belhassen Chiboub, directeur général de l’électricité et des énergies renouvelables au ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, a rapidement démenti cette rumeur. Parlant de 300 millions de dinars, qui serait en fait simplement le simple montant d’une facture mensuelle. Et assurant que la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) allait s’acquitter dans les délais du paiement.
Dépendance vis-à-vis de l’Algérie
L’occasion de relancer le débat, cependant, du gaz algérien. Car la Sonatrach assure près de 50 % des besoins de la Tunisie en gaz naturel. Ce manque de diversification d’approvisionnement effraie, alors que la Tunisie tente de renégocier à la hausse la fourniture en gaz naturelle de la part d’Alger.
La dépendance de Tunis vis-à-vis de l’Algérie se fait en tout cas sentir. Car la rumeur a provoqué une certaine panique. D’autant que, de l’avis du ministère tunisien de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, la Tunisie reste à la merci de la décision algérienne. Et ne peut pas vraiment aller voir ailleurs. Car le pays voisin de l’Algérie a une chance : elle obtient son gaz à des tarifs 6 à 8 fois moins importants que l’Europe.
De plus, Tunis bénéficie d’une quantité de gaz gratuite. Ou presque. Sa quantité correspond en réalité au droit de passage que la Tunisie perçoit avec le passage du gazoduc Transmed, estimé à 5,25 % du gaz acheminé. Une quantité estimée à 500 millions de dinars pour 2022 et qui couvre jusqu’à 65 % des besoins énergétiques du pays.
Un véritable cadeau algérien qui a, dans le même temps, réduit ses exportations vers le Maroc et augmenté ses prix vis-à-vis de l’Espagne.